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Les femmes, principales actrices de la diffusion du SRI à Madagascar

Les femmes jouent un rôle de premier plan dans la production rizicole en Afrique.

Les femmes représentent près de la moitié de la population malgache. Elles jouent un rôle de premier plan dans le secteur agricole. Elles sont fortement impliquées dans une grande partie des travaux agricoles, particulièrement délicats, comme les semis, l’entretien des parcelles, la récolte et les activités post-récolte.

Malgré cet important rôle, elles ont longtemps été les laissées pour compte dans l’accès à la terre. Dans certaines contrées du pays (c’est le cas à Fitampito, un village du centre de Madagascar), la tradition est allée même jusqu’à interdire aux femmes de travailler la terre.

Mais cette époque est désormais révolue. Car depuis près d’une décennie, les femmes bravent la tradition, aidées en cela par les organisations de défenses des droits des femmes. Elles s’illustrent de plus en plus comme les principaux vecteurs de la vulgarisation du système de riziculture intensive à Madagascar.

Les femmes initiées aux principes du SRI

Contrairement aux hommes qui sont plutôt des travailleurs itinérants, on constate, une présence permanente et remarquée des femmes en milieu rural. Plus actives que les hommes notamment dans les groupes de travail ou associations formalisées, les femmes, en participant directement ou indirectement aux prises de décision villageoises, pourraient être d’excellents vecteurs pour une large vulgarisation du SRI. Le fait qu’elles subissent le plus les effets néfastes de la dégradation des ressources naturelles et la pauvreté liée à la baisse des rendements agricoles a, plus que tout, incité les autorités malgaches à réfléchir aux moyens de les aider à mieux jouer leur rôle dans le développement rural.
L’éducation des femmes rurales a, alors, été mise en priorité dans les politiques de développement agricole. Un meilleur accès aux innovations et technologies leur a été offert grâce à des programmes de formations dispensées par le biais des associations locales.

Les formations ont porté sur la riziculture et la culture maraîchère. Côté riziculture, les paysannes ont acquis une parfaite maîtrise des techniques du SRI. Elles ont appris à respecter scrupuleusement les procédures de ce système en ce qui concerne, entre autres, les sarclages périodiques, le repiquage ou encore les méthodes de fumure.

En plus de la pratique du SRI, ces paysannes ont également été invitées à adopter le riz hybride. En combinant le SRI au riz hybride importé de Chine, un rendement de 8 tonnes par hectare a été enregistré dans certaines communes rurales d’Ambohimahasoa.

Plusieurs enquêtes et travaux de recherches ont montré qu’à la suite de ces formations, les femmes ont largement contribué à l’adoption et à la diffusion du SRI à Madagascar.

Les femmes montrent la voie

En s’appropriant les nouvelles techniques culturales, les femmes malgaches ont montré la voie aux autres acteurs de leur entourage en partant de la famille. Depuis que les paysannes de quelques communes enclavées de la région Haute Matsiatra ont acquis le droit de travailler la terre et ont été initiées aux principes du SRI, les rendements de riz se sont nettement améliorés, passant de deux tonnes à cinq tonnes par hectare et parfois plus.
Masy Ramazoto est une agricultrice qui travaille dans le village de Fitampito, dans le centre de Madagascar. « À cause de nos coutumes, je n’ai jamais cru que j’aurai la chance d’exploiter nos terres un jour », confie Masy.
« Maintenant que je peux travailler tout comme mon mari, et par là même améliorer nos conditions de vie, j’y mets tout mon cœur », enchaîne-t-elle.
Veromanitra Soazanany est une agricultrice de la commune d’Anjoma Itsara, près de Vohitrafeno. Veromanita a bien apprécié la formation qu’elle a reçue. « Grâce aux formations qu’on nous a données, je suis très à l’aise dans mon travail » souligne-t-elle. Cette paysanne a amené son mari à abandonner les techniques ancestrales peu productives au profit de techniques plus novatrices et de loin plus productives. Elle lui a transmis tout ce qu’elle a appris sur le SRI et le maraichage. Besa Narisaona, son mari, exprime sa satisfaction : « Je suis content que ma femme ait pu bénéficier de cette formation sur l’agriculture, sinon on n’en serait pas là où on est actuellement ». En effet, la situation de cette famille a été complètement transformée depuis que les techniques innovantes inspirées du SRI ont permis d’augmenter sensiblement sa production agricole. La famille envisage même de se lancer dans l’élevage grâce aux revenus tirés de la vente des surplus de produits agricoles.

Sources : Présentation de Mesdames Aurélie Razafy Andriatsilavo, Vololoniriana Razafimaharo, et Volatsara Baholy Rahetlah lors de l’atelier de la COI sur la création du réseau régional « Femmes et Développement Durable » à l’hôtel MELLIS, Antananarivo, Madagascar le 15 décembre 2011.
http://hebdo.farmradio.org/topic/numero-184

Synthèse Aly Faye

allykaram@iedafrique.org