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Journée Mondiale de l’Environnement 2024:la restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse
Plus de 30 000 hectares de terres dégradés restaurés par des Communautés sahéliennes du Sénégal.
Célébrée le 5 juin, la Journée mondiale de l’environnement (JME), initiée en 1972 par l’Assemblée des Nations Unies, est devenue au fil des années une plateforme mondiale facilitant la sensibilisation et la prise d’initiatives afin de répondre aux défis urgents à l’instar du réchauffement climatique. Pour cette année, la campagne de la JME porte sur le thème “ la restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse” sous l’accroche « Nos terres, Notre avenir ».
5 juin 2024
Ce choix est justifié par l’urgence de mettre en lumière l’enjeu environnemental de la dégradation des écosystèmes naturels en particulier des formations végétales dont l’humanité en tire ressources et revenus. Cette situation entraîne par conséquent la transformation des terres en déserts ainsi que des écosystèmes florissants en zones mortes rendant ainsi la terre moins à même d’être au service de l’agriculture et des populations.
En effet, la dégradation des terres concerne près de deux milliards d’hectares dans le monde et menace gravement la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations qui en dépendent (FAO, 2021). De plus, les sécheresses pourraient toucher plus de trois quarts de la population mondiale d’ici 2050 si toutefois des actions urgentes ne sont pas prises.
L’Afrique est particulièrement vulnérable à la dégradation des terres et constitue la région la plus gravement touchée. En effet, selon la Banque Mondiale (2015), au moins 485 millions d’africains sont affectés par ce phénomène.
Ce dernier n’épargne pas le Sénégal qui a connu une aggravation de la dégradation de ses terres depuis les années 1970. De plus, le Projet « Évaluation de la dégradation des terres dans les zones arides (LADA) estime à 34% le niveau de la dégradation des terres au Sénégal, ce qui représente une superficie dégradée de 6 860 900 ha.
Afin de renverser cette tendance régressive, le Sénégal a souscrit à plusieurs initiatives et programmes visant à atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT) à horizon 2030 par rapport à 2017 et à améliorer le paysage national. Dans le cadre de l’initiative AFR100, le Sénégal s’est engagé à restaurer 2 millions d’hectares d’ici 2035. Parallèlement à ces initiatives de l’État, des communautés locales, accompagnées par des ONG développent des stratégies endogènes de restauration des terres agricoles dégradées à travers la promotion des techniques de l’agroforesterie dont la Régénération Naturelle Assistée (RNA). Il s’agit de réintroduire l’arbre dans le paysage agraire en mettant l’accent sur son rôle et son importance dans la production et dans l’espace de culture (restitution des éléments nutritifs au sol, protection contre l’érosion, etc.).
C’est dans ce registre que s’inscrit le programme « Les Communautés Reverdissent le Sahel » dont la mission est de garantir que les communautés, les gouvernements, les ONG et le secteur privé adoptent et reproduisent les techniques de reverdissement, notamment la méthode RNA utilisée par les agriculteurs comme méthode viable de restauration des terres dégradées et de renforcement de la résilience et la sécurité alimentaire des communautés. Pour rappel, ce programme décennal financé par DOB Ecology avec l’appui technique de Both ENDS est mis en œuvre au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal. Il vise à restaurer 200 000 hectares de terres (dont 60 000 ha au le Sénégal), garantir une bonne organisation des agriculteurs qui appliquent la RNA et leur faciliter l’accès aux marchés des produits de la RNA et mettre en place de lois, politiques et stratégies de soutien en appui à la RNA.
Au Sénégal, il est mis en œuvre par un consortium composé de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles à travers son Centre National de Recherches Forestières (ISRA/CNRF), de ENDA Énergie, de ENDA Pronat et de IED Afrique qui en assure la coordination au niveau national.
Après cinq (5) années de mise en œuvre, le programme CRS a pu accompagner 11 484 volontaires à mettre sous reverdissement et sous restauration 30 350 ha de terres dégradées dans douze (12) communes réparties dans quatre (04) zones éco-géographiques du Sénégal ( le Sénégal oriental, le bassin arachidier, le Ferlo et les Niayes ).
A ces résultats s’ajoutent, l’installation et le renforcement de 217 cadres de gouvernance appelés comités villageois afin d’assurer la promotion de la RNA, le portage des actions de plaidoyer auprès des élus politiques et le suivi du reverdissement à l’échelle village. Parallèlement, trois (03) observatoires de recherche sont mis en place dans le but de produire des évidences scientifiques comme le taux de séquestration de carbone, le niveau d’amélioration des rendements en fonction de la densité optimale, les choix et préférences des communautés sur les espèces etc.
Par ailleurs, Il convient de noter que le nombre d’hectares mis sous RNA par le programme CRS représente 30% de réalisation des engagements du Sénégal dans le cadre des CDN (scénario inconditionnel) à savoir la mise sous RNA de 99 621 ha de terres agricoles. Pour rappel, la CND « contribution déterminée au niveau national » est aujourd’hui le cadre de référence pour déterminer les engagements du Sénégal à réduire ses émissions de GES au regard de l’accord de Paris.
A travers ces résultats, il est clair que le programme promeut le développement de l’agroforesterie au Sénégal afin d’accroître la production globale et créer des systèmes agricoles plus résilients à la sécheresse à travers l’adoption de techniques de restauration des terres adaptées aux besoins des communautés. D’ailleurs ces réalisations en termes de reverdissement sont en parfaite phase avec la politique environnementale du gouvernement d’autant plus que lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres du mercredi 29 mai 2024, le chef de l’État Bassirou Diomaye FAYE a invité le gouvernement à vulgariser la nouvelle politique du Sénégal en matière d’environnement, de développement durable et de transition écologique découlant du PROJET. Sur ce, il demande au Ministre de l’Environnement et de la Transition Écologique (METE) de veiller, en relation avec l’ensemble des parties prenantes à la préservation et la gestion optimale des ressources naturelles forestières et de la biodiversité.
Cependant, pour une meilleure atteinte des objectifs visés dans cette dynamique, il est essentiel que la RNA soit mieux intégrée dans les politiques publiques nationales : référentiel national de politique environnementale (le Projet), Lettres de politiques sectorielles, programmes de Gestion Durable des Terres (GDT), Programmes de l’ASERGMV etc. Au niveau territorial, la meilleure promotion de la RNA passera nécessairement par son appropriation par les élus municipaux à travers son intégration dans les Plans de Développement Communautaire (PDC) assortie d’un financement. Ceci permettra sans nul doute une restauration significative du couvert végétal au bénéfice des communautés afin de renforcer la croissance économique et la sécurité alimentaire.
En résumé, c’est au prix de la restauration de nos terres à travers des actions endogènes et viables portées par les communautés à la base que nous pouvons préserver les intérêts vitaux des générations futures ; ce qui entre en droite ligne avec les propos du secrétaire général de l’ONU (António Guterres) qui affirme « Nous sommes la génération Restauration. Ensemble, construisons un avenir durable pour la terre, et pour l’humanité ».