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Suivi pour vous : Rencontres Internationales des Résistances au Burkina Faso : les OGM en Afrique au menu

A l’invitation du Collectif Citoyen pour l’Agroécologie, les Rencontres Internationales des Résistances aux OGM ont réuni au Burkina Faso des paysans, des syndicats, des scientifiques et des organisations de la société civile venus d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine. Une déclaration finale a été adoptée. A l’occasion, l’idée de mettre en sur pied un Front Africain pour la souveraineté alimentaire a été agitée.

« Résistants aux OGM (organismes génétiquement modifiés) », et « défenseurs de l’agroécologie » se sont réunis à Ouagadougou, du 22 au 24 avril 2016, pour partager leurs expériences de lutte dans le monde et notamment en Afrique. Le choix du Burkina Faso pour abriter cette rencontre était loin d’être fortuit. Les « RIR-OGM » ont voulu réagir au recul des sociétés cotonnières et à l’annonce du gouvernement burkinabé de « réduire graduellement les superficies du coton BT (Bacillus thuringiensis, une bactérie du sol) ».

Selon la déclaration finale, « cette annonce du conseil des ministres du 13 avril 2016 montre l’ampleur de l’échec de Monsanto. Elle représente aussi un espoir pour les organisations paysannes et de la Société civile en lutte depuis maintenant plus de 15 ans contre les semences transgéniques ». Ces organisations ne cessent de dénoncer la « brevetabilité du vivant, l’organisation de la dépendance des paysans aux firmes agro-chimiques, les risques sanitaires et environnementaux que font encourir les OGM à l’ensemble des populations et du territoire burkinabé ». Aujourd’hui, conviennent-elles, si l’échec de Monsanto a été mis en lumière, la lutte contre les OGM est loin d’être terminée.

D’après les participants, la stratégie de Monsanto était d’utiliser le Burkina Faso comme porte d’entrée des OGM en Afrique de l’Ouest. A travers le Burkina, toute l’Afrique était donc visée. Les différentes actions de résistance menées au Burkina Faso et dans les pays de la sous-région ont permis de ralentir ses plans. « Nous sommes convaincus, qu’ensemble, et seulement ensemble, nous pourrons faire barrage aux firmes agro-chimiques. Il y a urgence. La situation OGM dans le continent africain est réellement préoccupante. Face à l’échec burkinabé, Monsanto accélère la mise en œuvre de ses plans », alertent-ils.

Un front africain pour la souveraineté alimentaire en gestation

Le texte final indique que les situations nigériane et ivoirienne sont particulièrement préoccupantes : « la firme fait pression pour l’entrée de ces semences transgéniques et, notamment, du coton Bt alors même que son échec au Burkina Faso est relayé par les médias à l’échelle internationale. Ces deux situations doivent faire l’objet de toute la solidarité des résistants africains.

A cet effet, l’assemblée des RIR-OGM a tenu, à travers une motion de soutien, à exprimer toute sa solidarité et son appui à la résistance ivoirienne, et a interpellé les parlementaires ivoiriens, les exhortant à rejeter la destruction de leur paysannerie et la mise sous tutelle de leur destin agricole au profit de Monsanto ».

Les participants aux RIR-OGM ont également exprimé leur volonté d’être signataires de la pétition contre les OGM au Nigeria. A ce jour, officiellement, en Afrique, le Burkina Faso, le Soudan et l’Afrique du Sud pratiquent des cultures OGM. D’après les participants, des tests sont en cours dans sept pays et 16 autres n’ont pas encore de cadre réglementaire relatif à l’usage des biotechnologies.

Face à la volonté de Monsanto de dominer à l’avenir le système alimentaire ouest-africain, de soumettre les paysans africains, de compromettre l’indépendance, la santé et les écosystème du continent, les RIR-OGM ont permis de poser les bases du Front Africain pour la Souveraineté Alimentaire (FASA).

Ce front aura pour vocation de rassembler toutes les organisations et citoyens africains en résistance active contre l’imposition des OGM et qui font la promotion de l’agroécologie. D’après ses initiateurs, le FASA portera en priorité la revendication commune relative à l’adoption d’un moratoire de dix ans dans tous les Etats africains. Cette revendication sera portée, dans chaque pays, devant qui de droit, notamment auprès des institutions sous-régionales, avec l’appui de toutes les organisations africaines engagées dans cette lutte.

A l’échelle internationale, les RIR-OGM ont été l’occasion de faire l’ état des lieux des effets des OGM constatés dans tous les continents et de partager des expériences en matière de lutte.

Birame Faye

Contact : birame.faye@iedafrique.org