Accueil / Publications / AGRIDAPE / Résultats du projet de recherche AMMA-2050 : pour l’ intégration de (...) / « Il faudra promouvoir l’intégration des services d’informations climatiques (...)
« Il faudra promouvoir l’intégration des services d’informations climatiques aux processus locaux, nationaux et régionaux »
Le Pr Karim Traoré est chercheur à l’Institut International de l’Eau et de l’Environnement (Burkina Faso)
« En réalité les pouvoirs publics connaissent la nécessité de l’intégration de l’information climatique dans la prise de décisions. Seulement voilà, ils sont confrontés à différents défis lorsqu’il s’agit d’appliquer les informations climatiques reçues dans la prise de décision. Ces défis sont liés à des facteurs tels que l’absence des informations aux échelles temporelles et spatiales appropriées et aux difficultés d’interprétation des informations fournies par les organismes nationaux, régionaux et internationaux. C’est pourquoi mes recommandations vont plutôt à l’endroit des organismes producteurs d’informations climatiques.
Pour améliorer l’accès et l’application des informations climatiques par les décideurs, je recommande aux services météorologiques (i) la mise en place d’un cadre de concertation entre les décideurs et climatologues pour la production d’information utile. Le cadre de concertation favorisera une meilleure interaction entre les chercheurs et les décideurs pour une co-production des informations climatiques nécessaires à la prise de décision et à la planification dans différents contextes. Ensuite, il faudra (ii) promouvoir l’intégration des services d’informations climatiques aux processus locaux, nationaux et régionaux pour un soutien accru aux actions d’adaptation de grande envergure. Elle permettra de s’assurer que la planification va au-delà de projets pour mettre l’accent sur des questions de renforcement de la capacité d’adaptation et de renforcement de la résilience au climat dans le long terme. En outre, il sera utile (iii) d’investir dans les réseaux de suivi climatique pour la collecte de données. Un effort de collaboration (impliquant les différents ministères sectoriels de l’Etat, les groupes communautaires, les organisations et institutions et le secteur privé) pour augmenter le nombre de réseaux de suivi permettra aux services météorologiques nationaux de solutionner ce problème de localisation des informations météorologiques et climatiques produites. Enfin, il faudra (iv) renforcer les capacités de l’ensemble des acteurs de la chaîne de l’information météorologique et climatique. Les services de la météorologie requièrent un renforcement de capacités sur les aspects techniques ainsi que sur la communication de l’information produite à une audience non-scientifique. Les décideurs ont besoin d’un renforcement de capacités pour avoir une meilleure compréhension des informations présentées par la science climatique. »
Gnenakantanhan Coulibaly, chercheur à l’Institut international de l’eau et de l’environnement au Burkina Faso :
« Une connaissance fiable sur les futures tendances climatiques serait un atout non négligeable… »
« Ces dernières années, les dégâts économiques et les pertes en vies humaines occasionnés par les inondations ne laissent personne indifférent, surtout les décideurs locaux vers qui les populations se tournent pour les premiers secours en cas de catastrophe. Très souvent, dans l’impossibilité de soulager les populations en difficultés, ces décideurs sont en quête de solutions durables afin d’anticiper, de gérer au mieux ou de prévoir les conséquences des futures inondations. Parmi ces solutions, une connaissance fiable sur les futures tendances climatiques serait un atout non négligeable pour eux dans leur plan de gestion locale des catastrophes. Au plan national, le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) pourrait étoffer les campagnes de sensibilisation en informant et/ou en proposant des mesures de protection sur la base des tendances du futur.
Au plan individuel, les populations pourraient prendre conscience des dangers qu’ils encourent en s’installant dans des zones identifiées comme à risque d’inondations. Par ailleurs, les urbanistes pourront proposer des plans d’aménagements avec beaucoup plus d’assurance et les ingénieurs seront à même de dimensionner les ouvrages franchissements en intégrant les risques liés au changement climatique. En définitive, tous les aspects de la vie humaine nécessitent dans leur planification, d’intégrer les aspects climatiques futures pour le développement harmonieux du Burkina Faso à court et à long termes et surtout pour le bonheur des populations à risque d’inondations.
Plusieurs actions de gestion actuelle de risques d’inondations ou de la variabilité climatique sont mises en œuvre par les pouvoirs publics. Mais pour une production et une meilleure prise en charge des informations climatiques dans les processus décisionnels par les pouvoirs publics, il faudrait (i) créer une bonne connexion institutionnelle afin d’évaluer les besoins et le partage d’informations fiables et surtout compréhensibles par tous (mettre à disposition des décideurs, une base de données accessible à l’échelle nationale et locale),(ii) faire régulièrement les mises à jour de la base de données, (iii)renforcer les capacités de tous les acteurs en particulier les acteurs locaux, à l’utilisation de cette base de données, (iv) appliquer rigoureusement des textes en matière d’urbanisme et de la construction, (v)rendre en compte les risques d’inondation dans les plans de développement communaux, (vi) prévoir des infrastructures routières et des caniveaux lors des lotissements. Par ailleurs, associer les populations aux projets d’aménagements de leur cadre de vie gage du succès des programmes d’atténuations des impacts des inondations. »