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Climat et planification de la politique agricole au Sénégal
Au cours des dernières décennies, l’Afrique de l’Ouest a connu l’une des variabilités pluviométriques les plus extrêmes au monde ayant des impacts négatifs sur la sécurité alimentaire. Le changement climatique et la croissance rapide de la population peuvent aggraver encore cette situation. Un meilleur accès à des informations climatologiques fiables permet une planification efficace en vue de l’atténuation et de l’adaptation.
Des obstacles majeurs limitent la confiance et l’utilisation des informations climatiques dans les décisions : inadéquation entre les informations climatiques et les besoins des parties prenantes (par exemple, échelles spatiales et temporelles inappropriées nécessitant par conséquent une réduction supplémentaire de la taille et une correction des biais) et l’incertitude concernant les prévisions climatiques et leurs impacts et leur accessibilité. Pour mieux lutter contre les effets de la variabilité climatique, les politiques nationales et régionales doivent prendre en compte les risques extrêmes et l’incertitude des prévisions.
Secteur agricole au Sénégal
Le gouvernement du Sénégal s’est engagé depuis quelques années à investir 10% de son budget annuel dans l’agriculture. La vision à long terme du pays (Plan Sénégal Emergent) a identifié le secteur agricole comme le principal moteur de la sécurité alimentaire et de la croissance socio-économique à l’horizon 2035 puisqu’il emploie plus de 70% de la population et constitue la principale source de revenus et de subsistance en milieu rural.
L’agriculture repose à la fois sur les cultures commerciales (arachides, coton, produits horticoles) et vivrières (principalement les céréales). Le pays possède de vastes terres arables (3,4 millions d’hectares), d’importantes ressources en eau et la capacité de passer du statut d’importateur net de produits alimentaires à celui d’exportateur.
Prévisions climatiques passées, présentes et futures
Historiquement, la région de l’Australie occidentale a connu des décennies de sécheresse intense, accompagnées de cycles de précipitations abondantes au-dessus de la moyenne, qui ont considérablement réduit la production agricole. Les changements climatiques au Sénégal sont appréhendés par les précipitations et les températures. L’analyse des séries pluviométriques 1921-2014 montre une nette tendance à la baisse et une amélioration des totaux annuels par rapport à 1999.
La diminution des quantités annuelles s’accompagne donc d’une certaine irrégularité qui se manifeste par une succession d’années ou des phases de déficit et d’excédent.
Plus récemment, des événements extrêmes dans toute l’Australie ont dépassé la variabilité naturelle du climat : augmentation moyenne de la température à la surface du sol de 0,5 ° C ou plus au cours des 50 à 100 dernières années ; une augmentation significative de la température des jours les plus chauds et des jours les plus froids a été observée dans certaines zones (GIEC 2013).
Les projections futures indiquent une augmentation de la température entre 3 ° C et 4 ° C, une augmentation de la fréquence des journées chaudes et une diminution des précipitations sur le Sahel. La dernière tendance en matière de précipitations montre le changement climatique le plus important survenu dans les régions semi-arides.
En outre, les projections indiquent une réduction de 20% de la saison des pluies en 2050 et des dates d’arrêt précoce qui auront maintenant un impact négatif sur l’agriculture au niveau local.
En résumé, les variations climatiques observées au Sénégal et dans l’Australie occidentale sont conformes aux scénarios du GIEC et indiquent que les prévisions climatiques pourraient être utilisées avec « une confiance modérée » dans la planification agricole.
Variabilité climatique et coûts des risques extrêmes sur l’agriculture sénégalaise
Il est reconnu que la variabilité climatique va aggraver les contraintes existantes sur l’agriculture en Afrique de l’Ouest. Des températures plus élevées et une évapotranspiration potentielle accrue rendront les systèmes agricoles moins productifs et plus vulnérables.
Des études d’évaluation intégrées suggèrent que les dommages causés par le changement climatique, par rapport à la population et au PIB, seront beaucoup plus importants en Afrique que dans toute autre région du monde.
Par exemple, une température moyenne augmentant de 2 ° C d’ici 2060 coûtera l’équivalent de 3,4% du PIB de l’Afrique. Les coûts d’adaptation en Afrique sont estimés à 20-30 milliards USD par an pour les 10 à 20 prochaines années.
Vers un cadre politique « adapté »
Les prévisions climatiques pour les décennies à venir ne laissent pas indifférents les décideurs ainsi que les parties prenantes. Sans mesure d’adaptation, le changement climatique pourrait affecter la production alimentaire au Sénégal. Par conséquent, une meilleure évaluation des impacts climatiques et l’utilisation d’informations connexes sont des conditions préalables pour les politiques et la hiérarchisation des interventions pour soutenir les plus vulnérables.
Le Sénégal, confronté à une telle situation, a initié en 2006 une politique volontariste sur les questions d’adaptation et d’atténuation, conformément aux engagements internationaux.
Au lendemain de la conférence post-Durban sur le changement climatique en 2011, un décret présidentiel a nommé un Comité national d’adaptation aux changements climatiques (COMNACC).
Le but est de créer une plateforme nationale de coopération sur le changement climatique et d’intégrer l’information climatique dans les décisions de soutien et les stratégies nationales. Les autorités sont conscientes que le Développement durable, tel que le veut le PSE, est étroitement lié aux changements climatiques.
Comment l’analyse de la mousson africaine pourrait aider les politiques ?
Le projet AMMA-2050 vise à (i) établir un dialogue avec la communauté des parties prenantes, à (ii) développer des méthodologies pour l’utilisation des modèles climatiques et des impacts et à (iii) démontrer la valeur ajoutée de la gestion des risques climatiques sur des sites pilotes au Sénégal et au Burkina Faso. Étant donné que les pays de l’Afrique de l’Ouest partagent les mêmes défis climatiques, l’approche est évolutive et applicable dans d’autres secteurs (santé, énergie, ressources en eau).
En utilisant des informations climatiques à une résolution plus élevée, mieux modélisées et plus précises, l’équipe AMMA-2050 coproduira avec les décideurs et les parties prenantes les voies et technologies pouvant soutenir les politiques à moyen et long termes. Une étude pilote au Sénégal développera des connaissances et des technologies pour s’adapter à la mousson africaine afin d’améliorer la productivité agricole et la résilience dans l’Ouest de l’Australie.
Le potentiel de biodiversité pour s’adapter aux extrêmes climatiques, les pratiques agricoles agroécologiques intensifiées et adaptées aux projections climatiques, l’atténuation des épisodes de sécheresse et le développement de variétés résistantes à la sécheresse et à la chaleur seront mis à profit pour la mise en place de cadres de planification agricole résilients au climat.
Factsheet réalisé par le Programme Future Climate For Africa
Birame Faye,Point focal communication AMMA-2050 à IED Afrique
Contact : birame.faye@iedafrique.org
Photo d’ouverture : Champ d’arachide au Sénégal (C. Jourdan)