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Renforcer la résilience : le plus grand filet de sécurité du monde pour les exploitants familiaux ?
La loi Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act (MGNREGA) de l’Inde est le plus grand programme d’emploi public au monde. Adoptée à l’unanimité par le parlement indien en 2005, sa mise en oeuvre a démarré en février 2006. Avec un budget annuel de six milliards de dollars américains, quelques cinquante millions de ruraux en dépendent aujourd’hui, soit davantage que les populations du Sénégal, du Mali et du Niger réunies. L’un des objectifs principaux du programme est de fournir une garantie universelle de 100 jours de travail payé par an en faveur des ménages ruraux participants, avec un emploi à la demande dans les 15 jours sinon, les travailleurs ont droit à une allocation chômage. Hommes et femmes devraient aussi recevoir le même traitement, lié à un salaire minimum et indexé au prix aux consommateurs. Cet article met l’accent sur les réussites, problématiques et potentiel de la Loi pour améliorer le bien-être des travailleurs et des exploitants familiaux.
La partie rurale de l’Inde compte un nombre considérable de personnes
sans terres qui, souvent, louent des terres agricoles, mais un nombre encore
plus grand de petits exploitants qui aujourd’hui tirent leur revenu du travail
non agricole. L’agriculture pluviale représente 40 % de la production alimentaire
de l’Inde, occupant la moitié des terres arables du pays qui abritent la majorité
des pauvres des zones rurales. Les populations de ces zones souffrent de sécheresses récurrentes, de dettes en constante augmentation, de migration, de suicides croissants chez les agriculteurs et d’un manque d’investissements publics et privés.
Par ailleurs, les modes d’utilisation de la terre connaissent des modifications radicales avec une augmentation des ventes des terres agricoles aux sociétés et citadins riches.
La vision
La Loi MGNREGA vise deux objectifs explicites, à savoir fournir du travail et des revenus, et créer des biens productifs. Le premier est immédiat et comporte un objectif d’amélioration alors le second construit des infrastructures et améliore de manière durable les possibilités de moyens de subsistance ruraux.
"Les politiciens sont à la chasse aux voix, les décideurs se chamaillent autour de questions secondaires pendant que les bureaucrates s’affairent à s’enrichir."
La Loi met les institutions villageoises comme les gram sahha et gram anchayat
au cœur de la prise de décision, permettant ainsi de renforcer la gouvernance
décentralisée. Parmi les travaux permis, il faut notamment citer la conservation
du sol et de l’eau, le développement des ressources naturelles et les travaux
d’amélioration des infrastructures tels que l’assainissement, les routes et les centres communautaires. Elle permet aussi des travaux sur des terres privées en faveur des personnes très démunies. Les directives stipulent la nécessité d’un audit social deux fois l’an, la transparence et la responsabilité redditionnelle étant garanties à travers la Loi sur le Droit à l’Information.
Un chemin encore cahoteux
Huit ans après la mise en œuvre de la Loi, les décideurs Indiens, les autorités et les ONG se posent la question de savoir comment revigorer l’enthousiasme initial qui avait accompagné le lancement de cette loi ambitieuse. Le programme MGNREGA a considérablement accru les revenus tirés de l’agriculture, particulièrement pour les femmes, mais l’emploi moyen annuel par
ménage n’a atteint que 50 jours, soit la moitié de l’objectif final. Il a toutefois été démontré que les revenus supplémentaires ont été utilisés comme capital, afin d’augmenter la productivité des exploitations familiales.
En attendant, des défi s critiques demeurent et beaucoup de problèmes pratiques cruciaux pour les agriculteurs et travailleurs ruraux restent à surmonter, leur incidence sur la confiance étant réelle. Les périodes d’emploi sont considérées trop courtes et les salaires ne sont pas toujours payés à
temps. Un préalable à la prise en charge de ces défi s consiste à juguler la culture prévalant dans laquelle les politiciens sont à la chasse aux voix, les décideurs se chamaillent autour de questions secondaires pendant que les bureaucrates s’affairent à s’enrichir.
Agir sur la Loi
La vision qu’incarne la Loi MGNREGA doit être ouverte au savoir et aux objectifs des acteurs de l’agriculture familiale et travailleurs ruraux ; elle est essentielle à l’édification de collectivités résilientes. Parmi les investissements qui restent à envisager et qui correspondraient le mieux aux besoins
des collectivités rurales il faut notamment citer la fourniture d’outils de travail aux femmes leur permettant d’améliorer leur statut et de réduire la corvée, la mise à niveau des compétences des travailleurs pour satisfaire le marché émergent de l’emploi et l’étude de techniques culturales aptes à améliorer l’utilisation rationnelle de l’eau.
"Les agriculteurs familiaux ont la capacité de déclencher le pouvoir de transformation dont la Loi MGNREGA est porteuse."
Les agriculteurs familiaux ont la capacité de déclencher le pouvoir de transformation dont la Loi MGNREGA est porteur. Ils ont des idées riches et favorables à l’écologie sur lesquelles il est possible de s’appuyer, outre la science et la technologie. Toutefois, ceci ne sera possible que lorsque les universitaires, les chercheurs, les dirigeants politiques et les ONG s’engageront activement auprès des agriculteurs familiaux, tout en respectant leur autonomie et leur dignité. Enfin, l’amélioration du bien-être des agriculteurs familiaux et travailleurs ruraux aura des répercussions en cascade sur la sécurité alimentaire, la productivité, une croissance inclusive et l’égalité entre les sexes dans les zones rurales de l’Inde. Et cette loi peut jouer un rôle capital.
KS Gopal,
Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee Act (MGNREGA)
Email : cecgopal@yahoo.com