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La niche aquaculture au Sénégal
Le Sénégal, en prenant en compte les recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable, communément appelée Rio+20, en 2012, a mis l’accent sur le rôle de l’économie verte comme levier du développement et d’éradication de la pauvreté par la création d’emplois. Ainsi, l’aquaculture est considérée par les pouvoirs publics comme une filière verte capable de générer de la valeur ajoutée.
L’ économie verte est définie comme une activité économique « qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ». Au sein de l’économie verte, les éco-activités s’attachent donc directement à la restauration ou à la protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles et humaines.
Ainsi, les emplois dits verts sont au cœur de la transition du système économique actuel vers une économie verte. Pour les pouvoirs publics, il s’agit d’assurer cette transition écologique tout en tirant avantage des opportunités qu’elle présente pour les populations.
L’ aquaculture entre dans ce cadre, en tant que filière porteuse de richesse, d’emplois descends et durables. En effet, elle est une alternative durable à la pêche dans un contexte de baisse des captures et les effets des changements climatiques.
Lors de la dernière session du Comité des pêches, tenue à Rome, du 11 au 15 juillet 2016, sous l’égide de la FAO, il a été insisté sur l’importance de l’aquaculture qui fournit, dans le monde, plus de 50% du poisson de consommation.
Le Sénégal a bien compris l’importance de l’aquaculture dans l’économie verte, ce qui s’explique par son inscription dans le Plan Sénégal Emergent (PSE) parmi les secteurs prioritaires porteurs de croissance. A cet effet, le « Projet de Développement Accéléré de l’Aquaculture » est ciblé parmi les 27 projets phares.
Dans le cadre de la mise en œuvre du PSE, des actions stratégiques multi-acteurs entre l’Agence nationale de l’aquaculture (ANA), la Direction des financements verts et des Partenariats (DFVP), l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée (ANRSA) et la Direction d’appui au développement local (DADL), ont été réalisées.
La synergie entre les services publics de l’administration sénégalaise, en appui à des associations de jeunes et de femmes, a permis d’enclencher la création d’activités génératrices de revenus avec une bonne maitrise de l’eau, à travers l’installation de miniforages munis d’équipements de pompage solaires.
Les différentes activités ont permis de mettre en place des fermes de pisciculture intégrée à l’horticulture, au maraîchage et à l’arboriculture. Ce qui a facilité la diversification des activités génératrices de revenus des associations bénéficiaires, à travers la disponibilité de poissons d’eau douce (tilapias, poissons chat), de produits maraîchers et de plans forestiers au profit des agriculteurs des zones concernées par ces projets.
L’intégration entre l’aquaculture et d’autres activités a permis d’apporter des pistes de solution à la problématique de l’emploi des jeunes et des femmes et de relever le défi de la sécurité alimentaire dans le cadre du développement durable.
Ces projets ont eu comme valeur ajoutée l’augmentation du pouvoir d’achat des bénéficiaires et des travailleurs au niveau de ces fermes, en augmentant leurs revenus de manière substantielle. En outre, ils ont permis de renforcer les capacités des bénéficiaires en techniques de production piscicoles, horticoles, maraîchères et forestières et du coup, une augmentation de l’approvisionnement des marchés des villes en produits halieutiques et en légumes.
Le développement de la pisciculture intégrée à l’agriculture végétale renforce ainsi la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle a fait ses preuves dans cinq (05) communes du Sénégal et mérite d’être amplifiée au niveau d’une centaine d’autres communes du pays par effet multiplicateur.
Pour toutes ces raisons, nous sollicitons un appui pour la formulation d’un grand programme visant à promouvoir les initiatives d’emploi et d’économie verte déjà existants. Ceci s’appuiera sur la capitalisation des expériences déjà menées qui devra mettre l’accent sur le partenariat entre les associations de producteurs et les collectivités territoriales, afin d’encourager l’entreprenariat des jeunes et des femmes.
Dr Magatte Bâ
Directeur de l’Agence nationale de l’aquaculture (ANA)
Référence
Note sur L’aquaculture comme niche de participation à l’économie verte au Sénégal