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Economie verte au Sénégal : enjeux et perspectives
La réflexion que nous allons mener ici s’articule autour de trois notions fondamentales : l’Economie Verte, le Développement Durable et les Énergies Renouvelables. Elle nous permettra d’ entrevoir les enjeux, les opportunités, les défis et les perspectives au Sénégal, afin de mieux repérer les pistes d’action pertinentes à intégrer dans nos politiques et stratégies nationales de développement pour une Afrique émergente, dans le respect des principes de la durabilité.
Le monde actuel fait face à plusieurs défis, notamment les crises climatique, énergétique, alimentaire, économique et financière. Des crises dont la complexité nous installe dans une alternative qui n’offre guère d’autre choix que l’action responsable.
A vrai dire, tous ces défis offrent une opportunité réelle aux décideurs politiques et aux chercheurs, de réfléchir ensemble sur les réponses idoines à apporter. Il est donc plus que jamais impératif de trouver les solutions les mieux adaptées à ces crises en élaborant un modèle équitable qui, au regard des besoins urgents de développement, notamment dans les pays du Sud, concilie lutte contre la pauvreté et protection de l’environnement.
Le rapport du Groupe de la Gestion de l’Environnement (GGE) de 2011 déplore que l’une des faiblesses dans la façon dont le développement durable a été mis en œuvre au cours des vingt dernières années soit la tendance à conduire des actions pour chacun des « trois piliers » (société, économie et environnement), mais en les dissociant.
Une nouvelle façon de penser, relativement à l’Economie Verte, cherche à résoudre ce problème et à mettre en évidence que ce qui compte vraiment n’est pas l’arithmétique entre ces trois piliers (additionnés ou soustraits au bon vouloir de chacun) mais l’algèbre (comment les variables se rapportent les unes aux autres et s’affectent mutuellement dans le contexte ; de quelle manière elles se combinent pour résoudre l’équation du développement durable).
Ainsi, le document final de la conférence Rio + 20, « l’Avenir que nous voulons », adopté par les chefs d’Etats et de Gouvernement, reconnaît l’Economie Verte comme un outil précieux de développement durable et d’éradication de la pauvreté.
Cependant, il faut signaler que si la notion d’économie verte est assez récente sur la forme, le concept n’est pas fondamentalement nouveau sur le fond. C’est un concept qui s’est construit sur plusieurs décennies de réflexions, d’analyses sur l’interaction entre l’humain, l’économie et l’environnement.
L’ouvrage publié par David Pearce, Anil Markandya et Ed Barbier en 1989, intitulé Blue print for a green economy, auquel on se réfère souvent comme « le Rapport Pearce », constitue un jalon majeur dans l’histoire de l’économie verte en tant que notion, mais aussi dans celle de l’économie de l’environnement, comme champ et comme discipline.
Au cours des 20 années qui ont suivi, on constate une évolution et une intensification de l’intérêt pour une transition verte. Toutefois, l’économie verte reste un concept à controverse dans ses définitions.
En raison de sa complexité, différents organismes ont tenté de la caractériser pour en donner un contenu opérationnel.
La plus populaire de ces définitions reste celle du PNUE, qui définit l’économie verte comme « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ».
Au niveau opérationnel, une économie verte est une économie dont les revenus et les emplois sont générés par des investissements qui réduisent les émissions de CO2 et la pollution, améliorent le rendement / l’efficacité des ressources, et empêchent la perte de la biodiversité et des services écosystémiques.
Le PNUE prône ainsi la nécessité de « découpler » la consommation des ressources naturelles de la croissance économique en affirmant que « l’humanité peut et doit faire plus avec moins ». En effet, d’après un rapport rédigé par le Panel international des ressources du PNUE, l’éventualité d’une hausse significative des niveaux de consommation, sous l’effet conjugué de la croissance démographique et économique, notamment dans les pays en développement, « va sans doute bien au-delà des niveaux supportables ».
Faire en sorte que le taux de productivité des ressources dépasse celui de la croissance économique est le principe fondamental de la notion de « découplage », souligne le panel. Cet objectif implique néanmoins de repenser d’urgence les liens entre l’utilisation des ressources et la prospérité économique et de soutenir les innovations technologiques, économiques et sociales par des investissements massifs, pour parvenir au moins au gel de la consommation par habitant dans les pays riches, tout en aidant les pays en développement à adopter un mode de croissance plus durable.
On peut donc considérer que, dans une économie verte, la croissance des recettes et la création d’emplois proviennent des investissements publics et privés qui incitent à une meilleure utilisation des ressources, à une réduction des émissions de carbone, des déchets et de la pollution, et à la prévention de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes.
Ces investissements sont à leur tour soutenus par la hausse de la demande en faveur de produits et services respectueux de l’environnement, par l’innovation technologique et, très souvent, par les mesures fiscales et sectorielles correctives adoptées pour garantir que les prix reflètent correctement les coûts environnementaux."
L’idée d’une économie verte trouve de nombreux échos dans le monde. En témoignent l’initiative Global Green New Deal et sa série de mesures politiques visant à faire de cette notion une réalité. A cet effet, un Green New Deal Group propose de résoudre à la fois la crise du crédit, celle du climat et les coûts élevés du pétrole.
Mais les risques d’effet rebond ainsi que des accusations parfois étayées d’« écoblanchiment », ou les suites de scandales environnementaux et sanitaires entachent la confiance et la crédibilité que le public pourrait porter à de nombreuses démarches économiques et industrielles.
Du rôle des gouvernements
Par ailleurs, le rôle des Etats et gouvernements locaux est primordial pour impulser les changements à mettre en place. Il s’agit notamment de proposer un cadre réglementaire capable d’orienter les investissements vers des activités respectueuses de l’environnement et socialement inclusives.
Il est également question de réorienter les dépenses publiques, en limitant celles qui contribuent à stimuler des activités néfastes pour la planète et en favorisant celles qui alimentent la transition vers une économie verte.
Enfin, les citoyens, à travers leurs choix et leurs pratiques de consommation, peuvent être de véritables catalyseurs de la transition vers une économie verte. C’est d’ailleurs un des grands axes développés par le Cadre Décennal de Programmation concernant les modes de consommation et de production durables (10YFP en anglais : 10-year framework of programmes on sustainable consumption and production patterns), lancé en 2012 à l’occasion de la Conférence Rio + 20.
En effet, « l’information des consommateurs » figure parmi les cinq programmes initiaux du 10YFP, visant à permettre aux citoyens de faire des choix de consommation plus durables. Cela concerne notamment les informations et communications provenant des pouvoirs publics et des entreprises, présentées, par exemple, via l’étiquetage.
La transition vers des modes de consommation et de production durables apparaît donc non seulement comme un impératif social, économique et écologique mais aussi comme une opportunité unique pour générer de la croissance, créer des emplois et permettre de contribuer à éradiquer la pauvreté au travers d’investissements dans le capital naturel, tout en le préservant afin d’assurer la survie de la planète sur le long terme.
Dans cette perspective, l’économie verte apparaît comme un des principaux trésors pour le développement des pays Africains et participerait sans aucun doute à la stabilité de la zone au service de la construction d’un espace de paix et de prospérité.
Il faut noter à cet effet que la Communauté Economique pour l’Afrique Centrale (CEEAC) est très avancée sur l’Economie Verte et que de nombreux acteurs et réseaux sont déjà mobilisés et organisés. Dans cette logique, un Fonds pour l’Economie Verte en Afrique Centrale a été mis en place par la CEEAC et a été officialisé lors d’une Conférence des Ministres qui s’est tenue à Kinshasa en République Démocratique du Congo en octobre 2014.
Il convient ici, de citer aussi la mise en place d’un programme de renforcement des capacités et d’accompagnement sur l’économie verte pour les pays africains francophones en développement (PEVA – Programme Economie Verte Afrique) porté par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) qui a initié un cadre de collaboration multipartites qui rassemble, sous couvert d’un accord cadre, l’IFDD, l’Université Senghor, le Centre International des Technologies de l’Environnement de Tunis (CITET) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS).
En définitive, la trajectoire du développement durable en Afrique devrait indubitablement reposer sur l’impératif de garantir une croissance inclusive et durable, éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité pour tout citoyen africain.
Une mission qui n’est pas du tout sans embûches si l’on se rend compte des difficultés que rencontrent la plupart des pays africains foncièrement plongés dans la pauvreté.
C’est ainsi que le 3èmeForum régional africain sur le développement durable, qui s’est tenu à Addis-Abeba, a bien voulu faire de la thématique de la croissance inclusive et durable son cheval de bataille en s’alignant sur le Forum politique de haut niveau de New York de juillet 2017, placé sous le thème « éliminer la pauvreté et promouvoir la prospérité dans un monde en mutation ».
Certes, l’Afrique demeure la couveuse de tous les espoirs et la terre propice à toutes les réalisations, malgré tous les défis à affronter. Une réalité qui pousse les pays africains à croire en leurs potentialités et en leurs capacités à relever les défis du développement. L’Afrique a donc vocation à bénéficier de toutes les potentialités dont elle regorge, sans pour autant vivre en autarcie et les leviers d’action pour tendre vers une économie verte sont multiples.
En effet, comme l’a souligné l’Africa Progress Panel, le continent a la possibilité de choisir un modèle pour son industrialisation ; un modèle de « Croissance Verte » qui puiserait dans son vaste potentiel de ressources renouvelables pour construire sa croissance économique et lui conférerait un certain avantage sur les marchés mondiaux.
De même, le rapport de la Banque Africaine de Développement sur la Croissance Verte souligne que cette transition contribue à la création d’une croissance de « meilleure qualité », donc plus résiliente et plus inclusive. Les opportunités les plus importantes de l’Afrique résident dans l’énergie, l’urbanisme et la mobilité urbaine, ainsi que dans l’agriculture et l’utilisation des terres, tous ces secteurs faisant face à des choix majeurs pour leur développement.
Une « Croissance Verte » pour l’Afrique se concrétisera par : un élargissement de l’accès à des sources d’énergie propres ; le développement de villes résilientes et inclusives ; la stimulation de la résilience et de la productivité de l’agriculture.
De multiples initiatives mondiales et régionales sont en cours pour résoudre les grands défis de l’Afrique.
Dans le domaine particulier de l’énergie, on peut citer
la Nouvelle Donne de l’énergie pour l’Afrique, qui est une initiative majeure visant à coordonner les efforts de toutes les parties prenantes du secteur de l’énergie en Afrique ;
la plateforme africaine Energie Durable pour Tous (Sustainable Energiy for All - SE4ALL) lancée en 2013 sous l’égide de la BAD, en partenariat avec la Commission de l’UA, le NEPAD et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ;
l’Initiative Africaine des Energies Renouvelables (IAER) lancées à la conférence de Paris et
le Fonds des énergies durables pour l’Afrique a été mis en place pour promouvoir une croissance économique durable des pays africains.
Situation au Sénégal
Le Sénégal n’est pas resté en marge de cette dynamique mondiale et régionale. Durant cette dernière décennie, il a mis en place les fondements majeurs lui permettant d’inscrire son développement sur la voie de l’économie verte. C’est pourquoi, la constitution a consacré les principes du développement durable et le droit à un environnement sain.
En 2008, dans sa volonté manifeste de promouvoir l’adaptation aux changements climatiques en milieu rural, le Sénégal a initié le concept d’« éco villages », un modèle de développement économique intégrant le développement social, la lutte contre l’inégalité, la protection de l’environnement et des ressources naturelles, et la mise en valeur des potentialités locales.
Ainsi, l’Agence National des Eco villages (ANEV) a été créée, avec pour objectif de transformer 14 000 villages en éco villages répartis sur l’ensemble du territoire national. Un écovillage est un modèle de développement économique intégrant le progrès social tout en réduisant l’empreinte carbone.
C’est cet engagement des autorités politiques à promouvoir le développement durable dans une perspective d’éradication de la pauvreté et d’émergence économique qui a conduit à l’adhésion du pays au Partenariat pour l’Action en faveur d’une économie verte (PAGE) en 2014.
A cela s’ajoute l’existence d’une nouvelle vision incarnée par la « Nouvelle Gouvernance verte » lancée par le Chef de l’Etat, Son Excellence Macky SALL, qui constitue une source d’inspiration et de motivation pour promouvoir l’économie verte.
Par ailleurs, dans le cadre de l’Initiative pour l’Economie verte lancée par le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) en 2008, une étude exploratoire sur l’économie verte a été réalisée pour identifier les opportunités qu’offre notre cadre macroéconomique.
Cette étude communément appelée Rapport exploratoire sur l’économie verte (REEV) montre qu’un investissement supplémentaire annuel de 2 % du PIB national dans la transformation verte de ces secteurs clés, ouvrirait d’importantes perspectives économiques, améliorerait la productivité agricole, la couverture forestière et l’offre d’énergie renouvelable, ferait baisser les coûts supportés par l’environnement, et stimulerait la compétitivité.
Ce rapport est en cours d’actualisation, pour prendre en compte les ambitions du PSE, mais aussi les engagements du Sénégal au niveau international (ODD, CDN).
Dans la même dynamique, le PAGE a accompagné l’organisation des journées dédiées à l’Economie Verte et de l’Académie Nationale sur l’Economie Verte (ACNEV), ainsi que la mise en place une plateforme nationale réunissant les différents acteurs du développement pour échanger et partager des connaissances et des expériences sur les bonnes pratiques, les outils et les défis liés à la transition vers une économie verte et inclusive au Sénégal.
En outre, le document de référence de la politique du gouvernement qui est le Plan Sénégal Emergent (2014), dans son axe 2, a permis de définir une vision plus précise d’un développement respectueux de l’environnement.
Pour traduire cette vision, la lettre de politique du secteur de l’environnement et du développement durable (2016-2020) propose de créer une dynamique nationale pour l’amélioration de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles ; l’intégration des principes du développement durable dans les politiques ; et le renforcement de la résilience des populations aux changements climatiques.
Il en a résulté l’élaboration de la première Stratégie Nationale de Promotion des Emplois Verts (SNEV) qui vise la réduction de la pauvreté au moyen d’investissements publics et privés sur le capital naturel dans l’optique d’une croissance économique forte, durable et inclusive qui favorise une croissance du revenu et de l’emploi, à l’horizon 2035.
C’est aussi dans cette même dynamique, que s’inscrit l’élaboration de la Stratégie Nationale pour une Croissance Verte, avec l’appui de l’Institut Mondiale pour la Croissance Verte (IMCV ou GGGI en anglais).
Sous un autre registre, il convient de noter l’auto-saisine du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) qui a produit l’Avis n° 2016-04 sur l’économie verte au Sénégal où des recommandations sont faites pour :
un cadre légal plus favorable à la promotion de l’économie verte ;
le développement d’une véritable économie verte ;
la promotion et la création d’emplois verts ;
le renforcement du partenariat, de la synergie des acteurs et la valorisation des résultats de la recherche ;
une plus grande efficacité en matière de mobilisation des financements et de promotion des investissements verts ;
pour le recours à la fiscalité et aux instruments économiques pour promouvoir l’innovation.
Sur le plan législatif, le vote de la Loi n° 2015-09 du 04 mai 2015 relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques constitue un signal fort de l’engagement de l’Etat du Sénégal dans le combat contre la dégradation de l’environnement.
La dernière initiative en date, dans le cadre de la promotion de l’économie verte a été le récent lancement du Projet d’examen national de l’export vert (ENEV) du Sénégal, qui permettra d’évaluer notre potentiel de production en vue de soutenir l’émergence de filières vertes et d’exportation à haute valeur ajoutée, répondant aux normes environnementales dans les marchés internationaux.
Domaine de l’énergie
Dans le domaine particulier de l’énergie, le Sénégal a connu, dans un passé récent, des difficultés majeures dans son approvisionnement régulier en énergie, accentuées par sa dépendance aux produits pétroliers importés qui grèvent considérablement nos finances publiques et compromettent nos efforts de redressement économique.
Ainsi, sur la base des enseignements tirés, le Gouvernement a décidé d’inscrire sa démarche dans le cadre d’une nouvelle politique énergétique dont les orientations fondamentales ont été définies par Monsieur le Président de la République, le 26 juillet 2012, lors du Conseil des Ministres délocalisé, tenu à Diourbel.
Sur la base de ces orientations, une nouvelle Lettre de Politique de Développement du Secteur de l’Energie (LPDSE) a été adoptée en octobre 2012, avec une vision sectorielle orientée vers un secteur énergétique caractérisé par une parfaite disponibilité de l’énergie au moindre coût possible et garantissant un accès universel aux services énergétiques modernes dans le respect des principes d’acceptabilité sociale et environnementale.
Parmi les axes stratégiques de développement de ce secteur figure en bonne place, le développement de l’efficacité énergétique, associé à un mix énergétique diversifié et équilibré où les énergies renouvelables occuperont une place de choix pour, à la fois, satisfaire la demande en forte croissance, tout en préservant l’environnement et réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur.
Aussi, à travers cette option, le Sénégal s’inscrit résolument dans la tendance mondiale vers la nouvelle économie verte, qui connaît un véritable intérêt, surtout avec l’Initiative Energie Durable pour Tous d’ici à 2030, et visant trois objectifs, à savoir :
• Assurer un accès universel à des services énergétiques modernes ;
• Doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique ;
• Doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique.
Le Sénégal ne sera pas en reste dans l’atteinte de cet objectif universel. En effet, le Gouvernement ambitionnait d’obtenir en 2017, un taux de 20 % d’énergie renouvelable dans la puissance électrique installée.
A ce titre, il convient de noter que les initiatives prises dans ce sens ont permis de dépasser cet objectif de 20% .
Il faut citer ici la mise en service des centrales solaires photovoltaïques (PV) de Bokhol, de Malicounda de Santiou Mékhé, l’inauguration prochaine d’autres centrales de production d’énergies renouvelables, l’électrification par voie solaire des infrastructures communautaires, l’éclairage public par voie solaire photovoltaïque dans le cadre du Programme de Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (PRODERE) de l’UEMOA, l’utilisation des énergies renouvelables pour les usages productifs particulièrement dans le cadre du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) et du Programme National d’Urgence d’Electrification Rurale (PNUER). Ceci constitue la preuve que le Sénégal s’est résolument engagé dans la voie du développement durable.
Toutes ces initiatives ont pour objet de faire de sorte que la Politique de Développement Economique et Social du Sénégal soit portée par une économie à faible émission de carbone, à même d’inverser durablement la courbe de la pauvreté.
Le secteur agricole
Puisque le PSE fait de l’agriculture une locomotive de la croissance, elle doit être durable pour assurer ce rôle et si on veut s’inscrit dans cette logique de durabilité, il faut des procédés non destructeurs des bases productives, en d’autres termes, des conditions qui sécurisent l’activité.
Le sous-secteur de l’horticulture est plus apte à prendre en charge ces exigences car, en plus d’être productive, l’horticulture permet de disposer de produits sains grâce à l’utilisation de biofertilisants.
En plus, l’horticulture crée plus d’emplois (en moyenne, 5 à 6 actifs par ha) que les autres segments de l’agriculture ; il y a donc un fort potentiel de création d’emplois verts en développant ce sous-secteur.
L’écologisation de l’agriculture est une priorité de l’Etat du Sénégal, qui mise beaucoup sur l’agroécologie via l’utilisation d’intrants naturels. Dans le cadre de l’utilisation de solutions vertes dans l’agriculture, il faut cibler aussi bien les équipements que les intrants (semences et fertilisants et pesticides).
C’est pourquoi l’Etat s’investit dans la promotion de l’utilisation de pompes solaires (avec l’appui de l’ANER) et a pris des dispositions consistant à :
encourager la production de bio fertilisants et de bio pesticides ;
renforcer les capacités des producteurs dans le domaine de l’agroécologie ;
sensibiliser le privé à investir dans l’agroécologie ;
maintenir un niveau de productivité durable.
Perspectives
Comme nous venons de le rappeler, ces avancées réelles sur la voie du développement durable nous révèlent aussi l’ampleur des défis nouveaux et émergents qui restent à surmonter pour un ancrage irréversible sur la trajectoire de la durabilité. Ces défis se rapportent principalement aux moyens de mise en œuvre en termes de financement, de transfert de technologie et de renforcement des capacités.
L’économie verte devant être bien sous-tendue par une politique énergétique durable, il apparaît que la promotion des énergies renouvelables demeure une priorité pour garantir une économie résiliente et une émergence durable de notre pays.
Elle reposera sur les secteurs stratégiques identifiés dans la Stratégie nationale de croissance verte et le rapport exploratoire actualisé sur l’économie verte, de même que les Contributions Déterminées au niveau national.
Il faut donc exploiter les opportunités offertes par l’économie verte, et les énergies renouvelables qui sont entre autres :
les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pour une croissance économique ;
la problématique de la stabilisation des réseaux intégrant des centrales de production d’énergies renouvelables ;
la substitution du pompage diesel par des systèmes de pompage à Energies Renouvelables pour booster le secteur agricole ;
le développement de villes vertes, notamment en matière d’éclairage public par voie solaire ;
le stockage des énergies renouvelables et la compétitivité de la filière ;
le traitement, le recyclage et la valorisation des déchets ;
l’aménagement et la gestion durable des forêts ;
la préservation de la biodiversité, notamment dans les aires marines protégées et les réserves naturelles ;
la gestion environnementale dans les projets miniers pour un développement durable.
Dans le contexte des pays en voie de développement, la réalité d’une économie verte ne peut prospérer que si en dehors des avantages écologiques, elle répond ou contribue aux défis socio-économiques auxquels ces pays sont confrontés. Dans cas du Sénégal, où près de 100.000 nouveaux demandeurs d’emplois arrivent chaque année sur le marché, le potentiel de génération d’emplois verts susceptibles d’être crées dans les secteurs cibles, est une incitation à opérer à la fois aux niveaux stratégique et opérationnel (Kairé 2013).
Faydy Dramé
Etudiant en master RSE à l’Institut des Sciences de l’Environnement de l’Université Cheikh Anta Diop
Contact : kandjimoro@gmail.com
Références bibliographiques
Kairé , Policy Brief N°2 du PNUD en 2013, Les enjeux d’une économie verte au Sénégal
Rapport première édition du Salon de l’Economie Verte (SEV) et la 7éme édition du Salon International des Energies Renouvelables et de l’Environnement en Afrique (SIERA) , 2017.
Remerciements :
Cet article a été produit avec l’appui technique de Mme Seynabou NIASSE, économiste environnementaliste, experte en Economie Verte.