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Bénin : un sursaut de la recherche sur les légumineuses

Selon la FAO, plus de 7 000 plantes sont cultivées ou collectées à l’état sauvage à travers le monde pour l’alimentation. La recherche agronomique est généralement basée sur un petit nombre de cultures dites majeures (riz, blé, maïs, manioc, igname) qui constituent de plus en plus la base de la sécurité alimentaire mondiale. Nombre d’espèces négligées ou sous-utilisées localement produites contribuent à la sécurité alimentaire, à l’amélioration de l’état nutritionnelle au Bénin. Mieux, elles sont facilement ou gratuitement accessibles aux populations, leur procurent des revenus substantiels et performent bien dans des zones marginales très vulnérables aux changements climatiques.

Les chercheurs ont constaté un manque de financement (nationaux et internationaux) orientés sur les espèces sous-utilisées et négligées (NUS en anglais). Il s’y ajoute de nombreuses contraintes agronomiques, biotiques et abiotiques et une production difficile et non rentable. Il n’existe pas encore des marchés d’écoulement (informels ou organisés) pour assurer la commercialisation. Des considérations socioculturelles font que des espèces comme le Macrotyloma geocarpum, le Sphenostylis stenocarpa et le Launea taraxacifolia ne sont pas très aimées par les jeunes.

Dès lors, il y a un besoin d’élever le niveau de connaissances de telles espèces. En effet, il est nécessaire de mener une étude ethnobotanique et de documenter les connaissances endogènes relatives à la production (pratiques culturales), à la conservation et à la commercialisation. En outre, il faudra procéder aussi à l’identification et à la hiérarchisation des contraintes à l’évaluation agronomiques de tels plantes et produits et à leur domestication, entre autres défis.

Les espèces négligées et sous-utilisées ont donc besoin de plus d’attention, d’efforts de conservation de leurs ressources génétiques. C’est tout le sens du Projet de Renforcement de capacités sur NUS initié par Regional University Forum for Capacity Building in Agriculture (RUFORUM). Il s’agit de recenser les espèces négligées et sous- utilisées du Bénin et d’identifier celles qui sont prioritaires (espèces médicinales, épices, et plantes oléagineuses sont exclues), faire la synthèse des connaissances disponibles sur chaque espèce et identifier les besoins et priorités en matière de recherche sur l’état des lieux sur les espèces négligées.

Diverses institutions de recherche ont été mises à contribution comme l’Institut national de recherche agronomique du Bénin (INRAB) IRDCAM) et / ou de formation (FSA-UAC / FA-UP/ LAMS/ CETA-Ina etc.) Les services décentralisés du ministère de l’Agriculture, les marchés locaux, l’Association des vendeurs et vendeuses de produits agricoles, l’Associations de producteurs, des sites maraîchers ont été confrontés aux résultats d’une recherche bibliographique (internet, mémoires, thèses etc…)

Méthodologie utilisée

Le processus a été lancé avec le recensement d’espèces évaluées sur la base de dix critères :
1.Étendue de la production (restreinte / région / pays)
2. Etendue de la consommation (restreinte / région / pays)
3. Degré de consommation (faible / moyen / élevé)
4. Valeur nutritive (faible / moyen / élevé)
5. Valeur d’aliment fonctionnel (faible / moyen / élevé)
6. Disponibilité au cours de l’année (faible / moyen / élevé)
7. Présence au marché (faible / moyen / élevé)
8. Valeur marchande (faible / moyen / élevé)
9. Contribution au revenu des ménages (faible / moyen / élevé)
10. Contribution à l’amélioration du pouvoir des femmes (faible / moyen / élevé)

Résultats obtenus

Trente huit espèces ont été recensées dont le fonio, le mil, le sorgho, le taro, l’igname jaune des racines et des tubercules. Les légumineuses à graines comme la lentille de terre riche en protéine à hauteur de 21 %, le Voandzou dense en protéine et en acide aminée. Douze légumes-feuilles ont été également identifiées. L’Akôgbo (nom local), un antibiotique bon pour le traitement du diabète et des insuffisances hépatiques, le gnantoto bon contre le cancer du sein et d’autres maladies ont été sélectionnées, entre autres espèces négligées.

En somme, le Bénin dispose dune diversité non négligeable de plantes négligées et sous-utilisées. Pour les sortir de leur situation actuelle, il faudra mettre en place un programme national de recherche et de promotion sur les NUS, sensibiliser les écoles doctorales des différentes universités, renforcer les capacités et sensibiliser décideurs politiques et bailleurs de fonds pour que ces derniers considèrent les NUS comme des priorités.

Dansi, A. Eteka, P. Azokpota, P. Assogba

FAST / FSA / IRDCAM

http://www.docfoc.com/especes-negligees-et-sous-utilisees-au-benin-a-dansi-a-eteka-p-azokpota-p-assogba-fast-fsa-irdcam