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Mobilisation massive des parties prenantes du projet PRESA au Burkina autour de l’ardente question de la résilience face au changement climatique

Janvier 2015 : Pendant trois jours, IED Afrique a créé un espace de réflexion, d’apprentissage et de partage entre les parties prenantes du projet PRESA au Burkina autour de l’ardente question de la résilience économique face au changement climatique. Les acteurs, qui pour la plus part avaient déjà pris part au premier atelier des parties prenantes du projet PRESA (Juillet 2014), ont tenu à confirmer leur intérêt pour les questions de recherche du PRESA en participant à la restitution des premiers résultats des recherches et à la mise en place de la plateforme nationale du projet PRESA au Burkina

20 janvier 2015

Jour 1 : Partage des premiers résultats des revues sur le contexte du changement climatique au Burkina

Durant la première journée de l’atelier national des parties prenantes du projet PRESA, le mardi 13 janvier, nous avons été heureux de voir la participation massive de représentant d’organisations paysannes, du secteur privé, d’organisation de femmes, d’ONG, d’organisations régionales, de chercheurs et de services technique de l’État.

Réunis dans la plus grande salle de conférence de l’Hotel Palm Beach, ils avaient suffisamment d’espace pour échanger et débattre des résultats qui ont été présentés. IED Afrique a ainsi vu la participation de représentants de haut rang de divers secteurs et institutions notamment La Confédération Paysanne du FASO, la Fédération Nationale des Femmes Rurales, le CILSS, la Fédération des Industries Agroalimentaires du Burkina (FIAB), de même que des partenaires techniques et financiers (Union Européenne) et des chercheurs de haut rang, à cette session de travail.

L’ouverture officielle de l’atelier a été présidée par le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques, de l’Assainissement et de la Sécurité Alimentaire, Monsieur Moussa Kabore, qui a tenu à saluer « la forte mobilisation des acteurs qui témoigne de l’intérêt de tous à partager avec le gouvernement sur les questions relatives à l’évaluation de l’impact des changements climatiques sur le développement économique et social du Burkina ».

Après l’ouverture officielle de l’atelier, les travaux ont pu débuter par une présentation introductive sur les risques et scénarii climatiques au Burkina animée conjointement par le Professeur Jean Marie Dipama de l’Université de l’Ouagadougou et le Dr Cheikh Tidiane Wade, coordonnateur du projet PRESA. Cette session a mis en lumière l’évolution du climat au Burkina depuis la période postcoloniale, de même que les prévisions et scénarii futures possibles pour les 50 prochaines années.

Les principaux risques climatiques auxquels le Burkina fait face, les différents enjeux et défis posés par le changement climatique sur la croissance économique du Burkina Faso ont également été soulevés. La session a été suivie par une restitution des premiers résultats de la revue sur le contexte du développement au Burkina Faso analysé sous le prisme de l’évolution des variabilités et changements climatiques.

Dans l’après-midi, les participants ont été séparés en groups en fonction des trois grandes zones agro-géographiques du Burkina à savoir la zone Nord, la zone Centre et la zone Est, avec comme cahier de charge de (i) présenter les potentialités spécifiques à chaque zones, (ii) analyser les principaux enjeux auxquelles ces zones font face et qui sont exacerbés par le changement climatique ; et (iii) identifier les interventions en cours mis en œuvre par les acteurs aux niveaux macro et micro pour faire face ces enjeux.

Il est important de noter que le degré d’engagement des parties prenantes nationales ayant pris part à cet atelier et la richesse et pertinence de leurs interventions sont autant de signes encourageant pour la conduite des prochaines étapes du projet PRESA. Cela a également été confirmé par le Secrétaire Général qui dans son propos introductif a tenu à rassurer l’assistance sur l’intérêt porté par le Ministère de l’Agriculture pour le projet PRESA et les résultats qui sortiront de cet atelier.

Jour 2 : « On cherche, on cherche, on trouve, on écrit. Mais comment faire pour mettre en pratique ce qu’on a écrit ? »

C’est en ces mots que la Présidente de la Fédération Nationale des Femmes Rurales (FENAFER) a tenu à rappeler le caractère crucial de la phase de mise en application des résultats de la recherche pour les producteurs.

L’activité principale de la deuxième journée était le panel sur le partage des résultats des revues thématiques sur le lien entre les risques climatiques et quatre sous-thèmes clés du projet PRESA à savoir : (i) Marchés et chaines de valeur ; (ii) Gouvernance, institutions et financement ; (iii) Capital naturel ; et (iv) Capital humain. Les nombreuses questions et contributions des participants qui ont suivi les présentations des chercheurs traduisent bien leur forte volonté de contribuer à la définition des orientations et priorités de recherche du projet PRESA.

Le panel a vu la succession de plusieurs équipes de chercheurs qui ont tour à tour présenté les résultats de leur recherche, notamment les défis et opportunités posés par le changement climatique sur le développement économique et social du Burkina et que l’on pourrait envisager d’inscrire dans le programme de recherche du PRESA. Il s’agit par exemple de :

- la mutation des activités économiques du fait du changement climatique qui s’est traduit au Burkina entre autre par un déplacement géographique de l’activité pastorale vers le Sud à la recherche de terres de pâturages ; la disparition progressive de la culture du coton dans les régions Centre-Nord et aujourd’hui fortement implantée dans le Sud-ouest soudanien ; Mais aussi les opportunités offertes par le changement climatique notamment les financements et emplois verts ;
- le développement de mécanismes pertinents pour renforcer la cohérence des interventions, de même que la participation de tous les acteurs dans l’élaboration, la mise en œuvre ainsi que l’évaluation des stratégies d’adaptation ;
- la nécessité d’employer des méthodes nouvelles, moins coûteuses, plus rapides et adaptées aux réalités locales pour renforcer la productivité, améliorer les espèces végétales et animales, adapter les méthodes de culture aux sols et aux climats et organiser la lutte contre les épidémies et les fléaux ;
- les pertes et risques sur la santé, l’éducation, l’emploi et la nutrition, de même que les migrations, plus importantes dans une situation de changement climatique que dans une situation sans changement climatique ;

À la suite des présentations, la parole fut donnée aux participants qui ont ainsi pu réagir sur les résultats de grande qualité qui ont été restitués.

« On cherche, on cherche, on trouve, on écrit. Mais comment faire pour mettre en pratique ce qu’on a écrit ? ».

Un des points fort de cette deuxième journée a été le vibrant plaidoyer de la Présidente de la Fédération des Femmes Rurales du Burkina Faso, Mme Nene Colette, qui dans son intervention a tenu à rappeler aux chercheurs les difficultés que rencontrent les acteurs du monde rural à accéder aux résultats des recherches. Invitant le Gouvernement à renforcer son appui à la recherche afin que cette dernière puisse efficacement contribuer à trouver des solutions aux problèmes des ruraux, elle a ainsi rappelé l’existence d’ un besoin continu des ruraux à accéder aux nouvelles technologies et techniques afin de pouvoir faire face aux changements et variabilités climatiques et continuer à satisfaire la demande croissante en aliments (produits de l’agriculture et de l’élevage, produits halieutiques et forestiers) sans augmentation de prix et sans détérioration des ressources naturelles et de l’environnement.

En effet, dans un contexte de changement climatique, les investissements dans la recherche sur le climat ont été et continueront d’être hautement bénéfiques pour la société en cela que la recherche est capable d’apporter des éléments de réponses aux problèmes de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté, exacerbé en zone arides et semi-arides par le changement climatique. La recherche et le développement technologique sont essentiels pour réaliser la préservation et/ou la transformation structurelle des secteurs clés de l’économie, qui sont à leur tour cruciaux pour l’avancement économique, social, politique et culturel des pays en développement, notamment du Burkina.

Jour 3 : Proposition de questions de recherche et mise en place de la plateforme des parties prenantes du projet PRESA au Burkina

Les différentes revues avaient pour but d’avoir une situation de référence sur les politiques et programmes actuellement mis en œuvre pour faire face aux défis et enjeux climatiques actuels. Elles ont également permis d’avoir une meilleure compréhension du concept de risque climatique et comment celui-ci affecte certains déterminants clés du développement socio-économique, notamment le capital naturel, le capital humain, les marchés et chaines de valeurs, ou les institutions et le système de gouvernance. Les réflexions suscitées par ces différentes présentations ont aussi permis aux participants de se pencher sur les différents scenarii socio-économiques qui pourraient résulter des changements climatiques actuels et futurs.

Il s’agissait par la suite pour l’équipe du PRESA de traduire les différentes interrogations et enjeux soulevés par les débats en véritable thèmes et questions de recherche qui pourraient être mis en œuvre par les chercheurs dans différentes régions agro-écologiques du pays.
Les participants ont été séparé en trois groupes, en fonction des trois zones géographiques du Burkina (zone Nord, zone Centre et zone Est), avec pour principale tâche de partir des enjeux et des scenarii climatiques et socioéconomiques identifiés au cours des deux premiers jours d’atelier et proposer 3 à 4 questions de recherche pertinentes ainsi que des études de cas et des sites potentiels pour servir de cadre d’étude.

Huit (8) critères ont été proposés pour guider les participants dans l’identification des questions de recherche. Les questions devaient ainsi conduire à des recherches :

- Réalisables et valorisables d’ici 2017 (début de valorisation) ;
- Possédant une résonance nationale (reproductibilité) ;
- Pertinentes par rapport aux préoccupations du pays ;
- Basées sur des initiatives et réponses en cours ;
- Présentant des opportunités de synergie avec d’autres initiatives ;
- Diverses et complémentaires (entre les thèmes et les sites) ;
- Pouvant avoir un impact sur les populations ;
- Pouvant être facilement pris en charge par les décideurs (appropriation et portage politique).

La dernière session de l’atelier a été consacrée à la mise en place de la plateforme nationale des parties prenantes du projet PRESA au Burkina. Il s’agissait essentiellement pour les participants de réfléchir sur trois éléments clés devant constituer la plateforme : le fonctionnement, les modes de gouvernance et le suivi-évaluation de la plateforme. Les nombreuses contributions des participants ont permis de produire une bonne base d’activités et d’indicateurs pour la mise en place de la plateforme.

Dans l’après-midi, la cérémonie de clôture de l’atelier a été présidée par le Dr François Lompo, ministre burkinabè de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques, de l’Assainissement et de la Sécurité alimentaire. Après avoir remercier les participants pour leur mobilisation et engagement dans la recherche de solution pour faire face aux effets néfastes du changement climatique au Burkina, le Dr Lompo a partagé un message fort : « Je puis vous assurer, que les recommandations et les suggestions issues de ce présent atelier, feront l’objet d’une attention particulière de la part des services compétents de l’Etat, et particulièrement de mon ministère », a dit le ministre.

Selon le Dr Lompo, « les résultats de vos recherches vont certainement permettre aux décideurs de prendre des décisions qui soient basées sur des évidences scientifiques ». Il a précisé que les résultats de la recherche peuvent orienter des politiques qui doivent aboutir à des actions, permettant à leur tour de répondre aux préoccupations des populations.