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Aménagements hydro-agricoles et renforcement des capacités des acteurs paysans au Burkina Faso : le PADER-GK dope la résilience des plus vulnérables au Changement climatique
En réponse aux nombreuses contraintes du développement des activités agropastorales dans les provinces de Gnagna et Kourittenga, au Burkina Faso, le PADER-GK, a mis en place un programme d’aménagement hydro-agricole et de renforcement de capacités au bénéfice des acteurs paysans. Les réalisations du projet ont contribué au renforcement de la résilience des plus vulnérables au changement climatique et à l’insécurité alimentaire.
Les provinces de Gnagna (EST) et Kourittenga (C-E) au Burkina Faso renferment 501 villages pour une population de plus de 620. 000 habitants (RGPH, 2006) caractérisée par une forte proportion de jeunes de moins de 20 ans et un taux de personnes actives de l’ordre de 50%.
Les exploitations familiales assurent l’essentiel de la production agricole à travers un système de production agro-pastoral extensif, avec plusieurs spéculations agricoles exclusivement destinées à l’autoconsommation.
Cependant, les aléas climatiques régulièrement constatées plongent la zone dans une instabilité alimentaire et nutritionnelle chronique qui nécessite que des actions d’envergure soient menées pour garantir les productions céréalières et maraîchères indispensables à la création de richesses au profit des populations.
En effet, à cause du Changement climatique dont les effets sont durement ressentis dans la zone, les eaux de pluie sont pour la plupart déviées des agro-écosystèmes. La disparition du couvert végétal accentue l’érosion hydrique des sols. Les eaux ne sont pas infiltrées dans le sol mais ruissellent rapidement ; ce qui diminue le volume d’eau disponible pour la production agropastorale. L’eau de ruissellement arrache la couche arable du sol compromettant ainsi gravement les régimes hydrologiques.
De plus, la faible maîtrise de l’eau, l’insuffisance dans la planification des activités des producteurs, la pression humaine sur les terres, la dégradation et la fragilité des écosystèmes, mais également, le déficit organisationnel des OP, etc. constituent de véritables entraves au développement de ces deux provinces.
Pour redynamiser les activités agro-pastorales et contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire dans la zone, le Projet d’appui au développement rural décentralisé dans les provinces de la Gnagna et du Kourittenga (PADER/GK), démarré en 2008 a entrepris de mettre en œuvre un ambitieux programme d’aménagement hydroagricole, d’équipement et de renforcement de capacités à l’endroit des producteurs et autres acteurs.
Objectifs et stratégies de mise en œuvre du projet
L’objectif global du PADER-GK est de contribuer à l’augmentation de la production agricole et à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales des provinces de Gnagna et Kourittenga en vue d’asseoir une sécurité alimentaire durable dans la zone.
Le projet s’inscrit dans le cadre des objectifs de réduction de la pauvreté et de la stratégie d’augmentation de la production agricole du Burkina Faso.
Plus spécifiquement, le projet s’emploie à financer le développement d’infrastructures, d’équipements ruraux et des activités locales de renforcement de capacité à l’intention des acteurs.
Les activités prévues dans le cadre de la mise en œuvre du projet sont entre autres, l’aménagement de bas-fonds et de périmètres irrigués, la réhabilitation et la construction de barrages et de pistes rurales, l’équipement des communes, des Directions Provinciales de l’Agriculture et des maisons de la femme en matériels divers (motos, matériels agricoles, etc.) ainsi que la réalisation d’infrastructures socio-économiques (forages, écoles, CSPS, etc.) à la demande.
Figurent aussi au menu des activités prévues par le projet, la réalisation d’une étude sur les filières porteuses et une d’étude diagnostique des OP.
Des résultats probants
Le PADER/GK a à son actif de nombreuses réalisations :
450 ha de bas-fonds aménagés
78 ha de périmètres irrigués aménagés
4 barrages réhabilités (800 000 à 1 200 000 M3)
440 ha de cordons pierreux mis en place
264 fosses fumières réalisées (1320 T de fumure organique)
13 forages réalisés (7100 personnes suppl. ont accès à l’eau potable)
133 femmes formées à la confection et à l’utilisation des foyers améliorés.
Ces réalisations ont eu un impact non négligeable sur le renforcement de la résilience des communautés paysannes à l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, bien que n’étant pas initialement orienté « Changement Climatique », le projet a réalisé un certain nombre d’aménagements qui contribuent largement à l’adaptation au « CC ». La réhabilitation de barrages a permis de réduire les effets de la variabilité pluviométrique sur la disponibilité de l’eau particulièrement en saison sèche. La multiplication des diguettes (cordons pierreux) a contribué à la réduction de l’érosion hydrique en augmentant l’infiltration de l’eau et réduisant le stress hydrique des cultures en période de sécheresse.
L’application du compost augmente aussi la capacité de rétention de l’eau du sol en plus d’améliorer ses propriétés physico-chimiques tandis que les cultures de contre saison sur les périmètres aménagés permettent de combler les déficits de production et de productivité liés à une pluviométrie aléatoire.
En plus de l’impact positif des aménagements hydro agricoles, la réalisation de forages a permis à de nombreux paysans pauvres de se soustraire des problèmes liés à l’accès à l’eau potable. L’utilisation de foyers améliorés a enfin grandement contribué à réduire la consommation du bois et donc la pression sur les ressources forestières de la zone. Cette pratique contribue ainsi à lutter contre la désertification et les effets du Changement Climatique à travers l’économie d’énergie.
Le changement climatique est reconnu de nos jours comme une menace sérieuse qui compromet les efforts pour le développement durable sous toutes les latitudes et particulièrement au Sahel.
A cet effet, il est urgent de mettre en œuvre des politiques et des stratégies volontaristes et prévisionnelles pour remplacer l’approche actuelle de lutte, fragmentée et réactive, contre la sécheresse et pour l’adaptation aux effets du changement climatique.
Propositions d’actions pour passer à l’échelle
En termes de perspectives, quelques actions sont proposées pour renforcer les résultats du projet, il s’agit de :
L’élaboration et la mise en œuvre de notices d’impact environnemental (NIE) par l’application systématique de mesures d’atténuation/optimisation et un suivi environnemental adéquat (bas-fonds, périmètres irrigués) ;
La réhabilitation des petits barrages pour renforcer la maîtrise d’eau, économiser la ressource et réduire les effets des aléas pluviométriques sur la production ;
Le traitement des ravines, la protection des berges, le reboisement et la capitalisation des bonnes pratiques de DRS/CES (zaï, demi-lunes, cordons pierreux, etc.) et leur mise à l’échelle pour contribuer davantage à réduire l’érosion, à restaurer les sols dégradés et à améliorer la fertilité des sols ;
Le renforcement des capacités des femmes : (i) en matière de transformation des produits agro-alimentaires et (ii) dans la confection et l’utilisation des foyers améliorés.
La conception de beaucoup d’ouvrages de stockage d’eau (barrages) et leur réalisation se sont souvent soldées par des échecs avec des ruptures de digue. Il s’agit de mettre en évidence les liens dans les couples « Ressources en eau et climat actuel », et « Ressources en eau et climat futur « en incluant dans les études les considérations liées aux changements climatiques avec une passerelle vers les crues de fréquence rare.
Par Daouda Maïga
Coordonnateur National du PADER-GK