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Valorisation des bassins de rétention : un levier d’autopromotion des communautés paysannes de Tahoua, Maradi et Niamey
Dans les régions de Niamey, Maradi et de Tahoua, au Niger, une initiative appuyée par l’Agence Internationale de Coopération Japonaise (JICA) a contribué à la disponibilité en eau. Elle a permis de réhabiliter 18 bassins de rétention d’eau de pluie dont la gestion est confiée à des comités locaux paysans. Cette valorisation des eaux a contribué à l’augmentation des surfaces cultivables. Cela a aidé à booster la production agricole, à réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté dans les régions bénéficiaires.
La République du Niger est un pays enclavé situé en Afrique de l’ouest. C’est un vaste territoire pénalisé par l’aridité de son climat (la zone saharienne représente 2/3 de la superficie du Niger). Sa superficie est de 1 267 000 km2, et le pays s’étend entre 11,37 et 23,33 degrés de latitude Nord et 0,06 et 16,00 degrés de longitude Est.
Avec des sols pauvres en voie de dégradation, le pays se présente sous la forme d’un grand plateau aux aspects tantôt rocheux, tantôt sablonneux, sillonné en maints endroits par des lits de fleuves fossiles venant du Sahara, et creusé par de nombreuses cuvettes constituant des mares pendant l’hivernage.
Peuplé de plus de 17 millions d’habitants en 2012, le Niger connaît l’une des plus fortes croissances démographiques au monde (démographique (taux moyen annuel de croissance de la population de 3,9%).
Le secteur rural, avec comme principales activités l’agriculture et élevage, constitue le premier secteur d’activités économiques du pays et occupe 84% de la population total du pays. Cependant, comme l’agriculture pluviale prédomine, la production agricole dépend largement du climat.
On considère que l’agriculture irriguée utilisant les retenues d’eau est efficace pour atténuer les effets des changements climatiques et pour assurer une production agricole stable dans les régions sahéliennes où les précipitations sont faibles.
Dans ce contexte, le gouvernement du Niger a entamé des activités de lutte contre la désertification et de valorisation des ressources en eau dans le cadre du Programme spécial de la 5ème République. En effet, 66 ouvrages de retenues d’eau ont été construits avant la fin 2004.
Cependant, comme l’appui et l’encadrement des producteurs par les services techniques sont faibles en rural, il n’arrive pas non seulement à développer l’exploitation des retenues d’eau, mais aussi à gérer et à entretenir celles utilisées d’une manière satisfaisante.
Dans de telles circonstances et en réponse à la requête du gouvernement du Niger, la JICA a décidé d’entreprendre un projet de coopération technique dénommé « Valorisation des Retenues d’Eau et d’Autopromotion des Communautés Locales au Sahel (VRACS) » pendant 3 ans (février 2012 à février 2015), suivi d’une prolongation de 10 mois, de mars à décembre 2015.
Il visait le développement rural durable par l’initiative paysanne à travers principalement la valorisation des retenues d’eau dans les régions de Tahoua et Maradi. Cela passerait par le renforcement des capacités des utilisateurs des retenues d’eau en autopromotion, l’amélioration des revenus et de leurs conditions de vie. Il était prévu d’aménager 12 retenues d’eau à Maradi et 6 à Tahoua
Approche de mise en œuvre
Le Projet a conçu et proposé le système de soutien qui montre ce que devrait être dorénavant la Direction de la Vulgarisation et de Transfert des Technologie (DVTT). Celle-ci devra être positionnée en tant que cellule de conseil pour les Champs-école paysans (CEP). Elle effectuera en premier lieu un suivi de tous les programmes de CEP au Niger selon les besoins, tout en analysant leurs problèmes. Ensuite, elle apportera un soutien pour l’amélioration de leur qualité (mise à disposition de manuels, exécution de formations).
Ce système qui place la DVTT en position de leader du soutien et de la gestion de la qualité des programmes de CEP de l’ensemble du pays implique que les divers programmes assurent le financement des formations et des encadrements complémentaires. Et il appartient à la DVTT de mettre à profit ces ressources partageables, en soutenant la formation des ressources humaines et les activités de renforcement.
Depuis mars 2012, le projet s’est investi dans plusieurs actions ayant produit des résultats conséquents. Dans le cadre du présent projet, il a été exécuté une étude d’inventaire de 18 sites dont l’exploitation a été jugée viable dans le futur, en tenant compte de l’état des installations d’irrigation et des villages. Aussi les quatre sites d’expérimentation du projet pilote (2005-2009) ont-ils été pris en considération dans l’étude, soit au total 22 sites.
L’étude a été réalisée sous l’initiative des structures (partenaires peut être) du projet (directions régionales de l’agriculture, du génie rurale, etc.) pour approfondir leurs connaissances sur la situation des retenues d’eau, afin d’établir leur plan de réhabilitation ou d’utilisation.
Les activités ont été fondamentalement menées sur la base des résultats de l’étude dans les 18 sites cibles. Cependant, pour les sites ayant des problèmes fonciers, ils ne seront pris en compte qu’une fois que ces problèmes seront résolus.
Le CEP, un moyen de vulgarisation
L’approche Champ Ecole Paysan (CEP) était la méthode de vulgarisation adoptée par le présent dans le cadre de cette initiative. C’est une approche participative pour le transfert des techniques agricoles que la FAO a appliquée pour la première fois en Indonésie en 1989. Elle est une méthode de vulgarisation permettant d’apprendre certaines techniques par la pratique, des exercices suivant diverses règles.
Par cette approche, il est possible de former les paysans. D’ailleurs, on peut envisager de former comme facilitateurs- paysans les paysans excellents parmi ceux qui ont appris au CEP et de valoriser ces facilitateurs-paysans pour exécuter d’autres projets. Il convient de dire que c’est une approche permettant le transfert et la vulgarisation des techniques agricoles par les paysans eux-mêmes.
En mai 2012, le projet a exécuté une formation à l’endroit des agents vulgarisateurs, afin d’expliquer le contenu du projet, le rôle de vulgarisateur ainsi que le contenu du CEP.
Le projet a ensuite organisé la formation de formateurs à Maradi, pendant 11 jours, du 4 au 14 septembre 2012. 16 personnes ont participé à cette activité dont 11 agents vulgarisateurs de la région de Maradi et 4 agents vulgarisateurs de la région de Tahoua.
Cette formation a été animée par un expert japonais et un maître-formateur (Master Trainer) du Kenya qui a beaucoup d’expériences reconnues par la FAO et la JICA. La formation a été composée de cours, d’exercices et de visites sur le terrain.
Informer et organiser les usagers à travers des COFOB et des coopératives.
Les agents vulgarisateurs qui travaillent sur les terrains n’ont presque pas d’occasion d’échanger des points de vue avec les producteurs, leurs collègues vulgarisateurs, leurs supérieurs etc. Le projet juge important de tenir des ateliers de type participatif avec les services techniques pour multiplier de telles occasions.
Le Projet VRACS a déjà tenu trois ateliers de partage d’informations depuis son démarrage. Ces ateliers se sont respectivement tenus le 25 avril 1012, le 27 septembre 2012 et 21 janvier 2013. Ils ont été tenus à Maradi et à Birnin Konni sous la présidence de M. Boubakar Halidou, Directeur de la vulgarisation et du transfert de technologie (Coordinateur du projet) et ont regroupé 193 participants.
En vue d’éviter l’utilisation en désordre des retenues d’eau et d’encourager l’autopromotion et l’exploitation effective de ces installations par les paysans, le VRACS organise les utilisateurs des retenues d’eau en coopératives. Le principe d’organisation consiste à mettre en place une coopérative par retenue d’eau. Ces coopératives mèneront des activités sous forme de sous-projet.
Pour prévenir les différends entre les utilisateurs des retenues d’eau, des Commissions foncières de base (COFOB) sont mises en place, en tant que structures chargées de la gestion des ressources (terre, eau etc.) au niveau des villages.
Concernant les coopératives, 6 coopératives ont été mises en place en juin 2012 à Tahoua et 12 à Maradi en octobre 2012. Les membres des bureaux de ces coopératives ont ensuite été formés en vue de renforcer leurs capacités.
Concernant les COFOB, suite à une étude sur les sites de la région de Maradi, le projet a décidé de mettre en place des nouvelles COFOB à Danja et Béri Béri et de renforcer celle existante à Kanembakaché où il y a des problèmes fonciers.
Quelques résultats
Une évaluation de l’achèvement effectuée en octobre 2014 selon les cinq critères fait ressortir : une pertinence et des impacts élevés et une efficacité, une efficience et une durabilité moyenne,
Un rapport de mission de supervision du Ministère de l’Agriculture effectué en 2014 fait ressortir que les activités réalisées par le projet ont permis dans le cadre de la confortation des ouvrages de mobilisation des eaux : la recharge de la nappe phréatique, la stabilisation des berges, l’augmentation des superficies des cultures irriguées.
En termes de vulgarisation agricole, le projet a contribué entre autres : à l’intensification et la diversification de la production, le renforcement des capacités des agents vulgarisateurs. Sur le plan de l’organisation paysanne et la sécurisation foncière, le projet a mis en place des comités de gestion des retenues et des commissions foncières et renforcer les capacités des organisations.
Une étude d’évaluation d’impact basée sur un questionnaire, portant sur les activités des paysans après la remise des certificats a été programmée et exécutée à la fin du Projet auprès de 95 paysans ayant obtenu les attestations du CEP sur 19 groupes des régions de Tahoua, Maradi et Niamey. 89 % des enquêtés répondent essayer dans leurs propres champs les techniques agricoles apprises dans le cadre des CEP.
En matière d’améliorations concrètes du rendement, 97 % des enquêtés répondent avoir amélioré la production agricole dans leurs champs après avoir participé aux CEP.
Si l’on compare la situation avant et après les CEP, la production en matière de maraîchage a été augmentée en totalité dans la proportion de 1 à 1,55. À comparer les volumes de production avant et après la participation aux CEP, la production en matière de culture d’hivernage a été totalement augmenté, en passant de 47 tonnes à 90 tonnes, dans la proportion de 1 à 1,5.
Si l’on se concentre uniquement sur le mil et le sorgho qui sont les principales cultures dans la zone cible, la production moyenne du mil par paysan augmente après le CEP dans la proportion de 1 à 1,8, et celle de sorgho dans la proportion de 1 à 2,1.
En matière d’amélioration des moyens de subsistance, 94 % des paysans enquêtés répondent qu’avec l’amélioration de la production agricole qui a suivi la participation aux CEP, les moyens de subsistance du ménage ont été améliorés.
Par ailleurs, la comparaison du montant moyen par foyer des ventes de produits agricoles chez les paysans ayant participé aux CEP sur les cultures de contre-saison, avant et après les CEP, montre que le montant des ventes après les CEP a augmenté dans une proportion de 1 à 2,4.
Ainsi, en matière de techniques agricoles, de diversification des cultures, de volume des productions agricoles et d’amélioration des moyens de subsistance des paysans, en comparaison avec les modes de vulgarisation existants jusqu’à présent (avant les CEP), on peut constater que le recours à un mode de
vulgarisation acquis via les CEP du VRACS a induit un certain niveau d’amélioration.
Perspectives
L’expérience VRACS a été mise en œuvre en vue d’atteindre son but : « le développement rural durable est amélioré à travers l’utilisation efficace des retenues d’eau dans les régions de Tahoua et Maradi ». Il cadre parfaitement avec l’objectif global recherché dans la mise en œuvre de l’initiative 3N « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », adopté en avril 2012 et des Objectifs du développement durable comme la lutte contre la pauvreté, la faim.
C’est pourquoi après l’achèvement du Projet, l’expérience est reproduite dans les régions de Dosso, Niamey et Tillabéry sous l’initiative du gouvernement du Niger.
Abdou Assoumana
Assistant aux Projets/Programmes de Développement Rural, sécurité alimentaire à la JICA/Niger
Contact : AssoumanaAbdou.NE@jica.go.jp