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Lu pour vous : Evaluation des pratiques agroécologiques : les avancées du GTAE
Le Groupe de travail sur la transition agroécologique (GTAE), créé en début 2016 par le Gret, AVSF, AgriSud et le CARI, s’est notamment donné pour objectif de construire une méthodologie commune pour l’évaluation des pratiques agroécologiques. Il s’agit d’évaluer à la fois les facteurs favorables et défavorables à l’expérimentation et au développement de l’agroécologie, les impacts agro-environnementaux des pratiques agroécologiques (fertilité des sols, végétation, biodiversité, etc.) et leurs impacts socio-économiques (revenus agricole, valeur ajoutée, emploi, sécurité alimentaire, etc.).
Grâce à un financement de la CEDEAO, les quatre organisations membres du GTAE se sont alliées à d’autres organisations partenaires pour mener ce type d’évaluation dans trois petites régions ouest-africaines, au Burkina Faso, au Sénégal et au Togo, à partir d’une méthodologie commune.
Ce travail, réalisé dans le cadre du projet CALAO (Capitalisation d’expériences d’acteurs pour le développement de techniques agroécologiques résilientes en Afrique de l’Ouest), a été mené à bien, d’une part par trois stagiaires de la formation en agriculture comparée d’AgroParisTech pour ce qui est des évaluations socio-économiques, et d’autre part par trois stagiaires issues de trois universités ouest-africaines (UNB, UCAD, Université de Lomé) pour ce qui est des évaluations socio-économiques, avec, dans tous les cas, la participation de leurs professeurs respectifs.
Etaient également associées à l’étude les ONG intervenant dans les trois régions (ARFA au Burkina Faso, ENDA PRONAT au Sénégal, RAFIA et INADES au Togo).
Résultats du projet CALAO : premiers pas vers l’évaluation des pratiques agroécologiques
A l’occasion d’un séminaire régional organisé à Dakar les 18 et 19 octobre sous la responsabilité d’ENDA PRONAT, les principaux résultats de l’étude ont été présentés et mis en discussion, en présence de l’ensemble des partenaires du projet et d’autres représentants d’institutions publiques, scientifique (IRD) ainsi que de l’organisation paysanne sénégalaise FONGs.
Le séminaire, auquel 34 personnes ont participé, a donné lieu à des riches échanges, aussi bien sur le contenu des études que sur les questions méthodologiques. A l’issue de ces premiers résultats et de ces échanges, un rapport de synthèse et une note synthétique sera préparée par le Gret.
Le séminaire a notamment mis en avant la nécessité d’évaluer non pas des pratiques agroécologiques individuelles, car celles-ci ne peuvent être isolées d’autres pratiques. Ce sont en fin de compte des systèmes plus ou moins agroécologiques qu’il convient d’évaluer, aussi bien au niveau de la parcelle (systèmes de culture), de l’exploitation agricole (système de production) que de régions entières (système agraire).
Les critères d’évaluation doivent également être liés au contexte. Ainsi, a été mise en avant l’utilité de solides études de systèmes agraires.
Ces études sont nécessaires pour l’évaluation socio-économique. Mais, elles permettent aussi de mieux raisonner les critères les plus pertinents pour l’évaluation agro-environnementale en fonction des problématiques générales rencontrées dans la région, et de raisonner l’échantillonnage pour cette évaluation. Par ailleurs, le champ de l’évaluation doit intégrer à la fois les pratiques agroécologiques traditionnelles que les pratiques introduites plus récemment par des organismes extérieurs (ONG, recherche, etc.).
Concernant les facteurs favorables ou limitants pour le développement de l’agroécologie, divers facteurs ont été abordés : l’adéquation entre les pratiques agroécologiques et les objectifs des agriculteurs et agricultrices, l’accès aux moyens de production et son financement, l’environnement agro-environnemental, l’environnement socio-économique, les conditions d’accès au foncier et aux ressources naturelles, la production et l’accès à la matière organique (laquelle est bien souvent au centre de la transition agroécologique), le travail nécessaire, les politiques publiques, les méthodes d’intervention qui promeuvent l’agroécologie.
Les évaluations socio-économiques ont quant à elles mis en évidence les impacts en termes de revenu agricole, de valeur ajoutée, d’emploi et de sécurité alimentaire.
Il est apparu clairement que la problématique qui doit être raisonnée n’est pas tant celle des facteurs plus ou moins favorables à telle ou telle pratique, mais celle de l’ensemble des conditions de la transition d’un type de système d’agriculture à un autre système.
Les évaluations agro-environnementales ont mis en évidence les effets positifs des pratiques agroécologiques en termes de fertilité des sols (matière organique, enracinement), de rendements agricoles (en moyenne, de l’ordre de +50%) et de reforestation des paysages agraires.
Les évaluations socio-économiques ont quant à elles mis en évidence les impacts en termes de revenu agricole, de valeur ajoutée, d’emploi et de sécurité alimentaire. Par exemple, dans la région sereer du Sénégal, les systèmes agroécologiques basés sur une forte intégration entre agriculture et élevage permettent au minimum un doublement des revenus agricoles par actif par rapport à d’autres systèmes par ailleurs comparables, tant du fait de l’amélioration des rendements que de la croissance de la production animale. Cette dernière a également un impact en matière d’alimentation des familles, avec notamment un accroissement de la consommation laitière.
Prochain séminaire du GTAE
Dans la continuité du projet CALAO, le GTAE organisera les 14 et 15 décembre prochain un séminaire méthodologique à Paris avec l’appui de l’AFD (Agence française de développement). Ce séminaire portera sur les méthodes d’évaluation des pratiques agroécologiques.
L’expérience et le bilan du projet CALAO y seront présentés, ainsi qu’une dizaine d’autres méthodologies mises en œuvre par divers organismes français ou étrangers. Il est attendu de ce séminaire, pour lequel nous comptons sur la présence d’une centaine de participants, de progresser dans la définition d’une méthodologie pertinente d’évaluation des pratiques agroécologiques, à la fois utile pour les opérateurs et en matière de plaidoyer auprès des décideurs