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Le Moringa (Moringa Oleifera) un arbre miracle pour éviter la malnutrition

De son nom scientifique Moringa Oleifer, le morienga peut constituer une réponse à la malnutrition qui affecte la plus part des pays en développement. Très répandu dans la région intertropicale, ses vertus et son potentiel en tant que complément alimentaire restent méconnus du grand public.

D’une manière intuitive ou en se fondant sur les recherches, les hommes ont de mieux en mieux maîtrisé les techniques culturales, les sélections des espèces, etc. Aujourd’hui, sous toutes les latitudes des solutions sont disponibles afin de résoudre les grands problèmes de sécurité alimentaire et de malnutrition.

Pourtant en cette fin d’Année internationale de l’agriculture familiale, il reste beaucoup à entreprendre pour lutter contre la malnutrition dans le monde.

Toutefois, nous pouvons garder espoir car au cours de cette dernière décennie, des initiatives innovantes vont permettre de répondre efficacement à ce défi nutritionnel et au sein même des familles vulnérables. Là où est le problème, là aussi est la solution, sinon aucune vie n’est possible.

En effet, en parcourant de nombreux pays intertropicaux où des problèmes nutritionnels se posent, j’ai découvert ce don du ciel : le Moringa Oleifera .
Cet arbre est présent dans les savanes africaines depuis son introduction depuis l’Inde vers le XVème siècle, est connu et utilisé pour ses nombreuses vertus médicinales, nutritionnelles, fourragères (voire floculantes et oléifères).

Un trésor méconnu

Le moringa est l’exemple parfait de l’arbre à multi-usages. Il a connu une forte expansion dans toute la zone intertropicale. On le retrouve souvent dans les concessions et les jardins de case. Et pourtant, les familles n’en connaissent les bienfaits nutritionnels.

Beaucoup de projets et de programmes soutenus par des organisations internationales, des ONG et des associations se sont lancés dans la production et la diffusion d’aliments enrichis sans se pencher réellement sur les possibilités locales des familles. Cependant, avec le moringa, ces familles vulnérables peuvent produire elles-mêmes des aliments riches en vitamines A, C, calcium …

En effet, chaque famille doit pouvoir planter à côté de sa maison ou dans son jardin quelques pieds de Moringa pour en cueillir régulièrement les feuilles.
Les feuilles de M. oleifera cultivé en conditions familiales, comparées à la Spiruline, présentent le triple avantage d’avoir des faibles coûts de production, d’être connu de la majorité de la population et potentiellement plus disponible (solution endogène, pérenne et durable, faible technicité).

Elles présentent également le grand avantage de pouvoir faire l’objet d’une utilisation domestique familiale régulière.

A poids égal les feuilles de Moringa sont :

• 2 fois plus riches en protéines que le lait ;
• 3 fois plus riche en fer que le gombo ;
• 4 fois plus riche en Vit A que la carotte ;
• 4 fois plus riche en calcium que le lait ;
• 3 fois plus riche en potassium que la banane ;
• 7 fois plus riche en Vit C que l’orange.

Préparation des feuilles de moringa sans altérer les vitamines

La vitamine C et toutes les vitamines de type B contenues dans les feuilles de moringa sont solubles dans l’eau. Tandis que d’autres vitamines sont au contraire solubles dans l’huile : c’est le cas des vitamines A ( β-carotène) et E (α – Tocophérol).

Ainsi, lors de la cuisson des feuilles de moringa fraîche ou séchées, il ne faut pas jeter l’eau de cuisson si l’on veut garder les vitamines C et B hydrosolubles. Aussi, pour rendre disponibles les vitamines A et E liposolubles, il est conseillé de cuire les feuilles du moringa avec des matières grasses.
L’idéal est donc d’ébouillanter rapidement les feuilles de moringa dans un peu d’eau et d’incorporer le tout (feuilles et eau) en fin de cuisson, dans une sauce contenant de la matière grasse. Ainsi vitamines hydrosolubles et liposolubles seront disponibles et peu altérées par la cuisson.
Il faut noter que les jeunes feuilles tendres et fraîches sont comestibles.

Source : Produire et transformer le feuilles de moringa Moringanews/ Moringa Association of Ghana

Au-delà de la nutrition….

Le Moringa oleifera, au regard de l’évolution de la demande notamment urbaine, constitue un produit naturel à fort potentiel économique, qui peut présenter une perspective intéressante de développement rural pour la sous région, en permettant la génération de revenus et la diversification d’activités agricoles pour une petite agriculture familiale.

Enfin, les autres usages de cette espèce et notamment son grand intérêt fourrager, particulièrement pour le petit élevage « de case » (volailles, petits ruminants, porcs, ânes), qui s’avère un facteur favorable supplémentaire dans le contexte de crise fourragère que connaissent les pays sahéliens, constituent des éléments de sécurisation importants pour ces catégories d’agricultures vulnérables.

Des initiatives de promotion du Moringa

Ces dernières années, grâce à une meilleure connaissance, le Moringa est devenu un complément alimentaire de premier ordre très recherché. Sur le terrain, des unités de transformation se mettent en place et la commercialisation sur internet permet de répondre à une demande de plus en plus importante. Par ailleurs, sur le terrain, des pays se mobilisent pour proposer une large diffusion du moringa dans les écoles.

C’est actuellement le cas d’Haïti, où une grande campagne nationale a été lancée pour la promotion du moringa afin de lutter contre la malnutrition. Des particuliers conscients de l’intérêt de cet arbre aux multiples usages participent à sa vulgarisation. C’est le cas du jeune Kens Cazeau, qui, dans la proche banlieue de Port au Prince sur la montagne de Canaan, propose des jeunes plants de moringa aux populations déplacées après le séisme de 2010. Il a aussi mis en place une unité de séchage et de transformation des feuilles en poudre.

Des activités génératrices de revenus pour Kens Cazeau, jeune entrepreneur de Canaan en Haïti

Canaan, le nouveau quartier que les déplacés de Port au Prince ont investi après le séisme, est une zone très pauvre. On y compte de nombreux cas de malnutrition. C’est ainsi dans ce décor presque chaotique que Kens Cazeau, un jeune entrepreneur plein d’imagination, cherche des solutions pour éveiller les jeunes à l’entreprenariat et au respect de l’environnement. Son ambition est de les faire sortir de la pauvreté et de la misère à travers un programme de production de plantules de moringa (benzolive en Haïti) basé sur l’éducation environnementale et nutritionnelle des jeunes.

Kens s’active dans la transformation et la valorisation des produits agricoles pour répondre à des problèmes vitaux qui affectent sa communauté. Sa stratégie est d’intéresser les familles à la culture du moringa en leur démontant tout ce qu’un arbre peut leur apporter sur le plan environnemental, économique et social.

Ne disposant pas de terre, il propose aux familles de Canaan de planter sur leurs terres les jeunes plants de moringa provenant de sa pépinière.
Ces plantations de moringa entre les baraquements de fortune, en plus de la production de feuilles riches en vitamines pour lutter contre la malnutrition, permettent d’éviter les glissements de terrain et l’érosion. Elles assurent également un revenu supplémentaire aux familles de Canaan.

Kens a installé une unité de transformation des feuilles de moringa achetées en sacs de 30 Kg à 60 gourdes soit 1,2 € auprès des populations. Après séchage, les feuilles sont transformées en poudre puis mis en sachet et revendues.
Cette poudre constitue un complément alimentaire distribué aux familles dont les enfants sont dénutris.

Les moringa produisent aussi de grandes quantités de graines qui sont pressées pour en extraire de l’huile. Dans son projet, Kens achète les graines à 10 gourdes le Kg aux habitants pour les revendre à un atelier d’extraction d’huile situé à Port au Prince. Une fois les graines pressées, le tourteau est utilisé pour l’alimentation du bétail.
Contact : Kens Cazeau, kensangel23@yahoo.fr

Ailleurs en Afrique, au Niger, les feuilles du moringa sont produites et commercialisées après transformation par les femmes. Au lieu de faire sécher les feuilles, elles préfèrent les précuire pour ensuite les commercialiser.
D’année en année la production et la commercialisation des feuilles de moringa connaissent une progression fulgurante au Niger.

Pour les femmes de la région de Maradi c’est une source de revenu non négligeable. D’ici quelques années en raison de l’accroissement des plantations locales, le Niger n’aura plus besoin d’importer les feuilles de moringa du Nigéria.

Pour plus de communication sur les bienfaits du Moringa
Dans de nombreux pays où des problèmes de malnutrition se posent avec acuité, des progrès restent à accomplir pour inciter les familles à planter des moringas dans leur maison.

Des campagnes de communication devront être organisées non seulement pour planter des moringa mais expliquer comment en consommer les feuilles, les gousses et les graines. Un programme de lutte contre la malnutrition n’est pas onéreux, et repose essentiellement sur une volonté politique de chaque pays d’y mettre fin.

Dans cette course à la résolution du problème de la malnutrition dans le monde, il en va aussi de la responsabilité des Associations, des ONG et des organisations Internationales de renforcer d’avantage leur collaboration avec les familles vulnérables afin qu’elles participent elles mêmes à la production d’aliments riches en vitamines A, C, calcium, magnésium.

Jean Yves CLAVREUL

Expert en Communication /Formation pour le Développement Durable

E mail : jean-yves.clavreul@wanadoo.fr