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Promotion de l’égalité des sexes en milieu rural : le PREVES valorise la contribution des femmes au processus de développement économique en Centrafrique

Afin de promouvoir la participation des femmes à la mise en œuvre des activités du projet de Relance des cultures Vivrières et du petit Élevage dans les Savanes (PREVES), et favoriser leur intégration dans les instances de décisions de leur communauté, l’Unité de Coordination et de Gestion du PREVES, en collaboration avec certaines organisations féminines, a participé à la célébration de la Journée Mondiale de la Femme Rurale 2012 à travers l’organisation de plusieurs activités visant à attirer l’attention des autorités et des populations sur les problèmes auxquels sont confrontées les femmes rurales, et à valoriser leur contribution au processus de développement économique et à la paix de notre pays.

Les femmes et les jeunes représentent une frange très importante de la population des localités couvertes par le projet et, par conséquent, devraient jouer un rôle important dans la mise en œuvre du projet. Malheureusement, pour diverses raisons historiques et culturelles, ils sont souvent exclus du processus de développement de leur communauté.

La stratégie d’équité de genre du Projet de Relance des cultures Vivrières et du petit Élevage dans les Savanes (PREVES) se veut participative et inclusive et vise à assurer, aux hommes, aux femmes, aux jeunes et aux minorités, un accès équitable aux ressources, aux technologies et aux services du Projet dont ils ont besoin pour améliorer leur qualité de vie.

Le 15 Octobre 2012, le PREVES s’est associé à la célébration de la Journée mondiale de la femme rurale, à travers l’organisation de nombreuses activités. L’objectif du projet était d’attirer l’attention sur le rôle majeur que jouent les femmes dans la sécurité alimentaire ainsi que dans le développement et la stabilité des campagnes.

Activités menées et résultats

Emissions radiophoniques

L’utilisation des médias, notamment les radios locales et nationales, a permis de mieux sensibiliser l’opinion publique sur certains problèmes auxquels sont confrontées les femmes rurales. Au total, huit(8) émissions radiophoniques ont été réalisées avec des experts relevant de différents secteurs et des leaders des organisations des femmes et diffusées sur les ondes de trois(3) radios locales. Les différentes émissions radiophoniques réalisées sur la situation de la femme rurale et diffusées pendant sept jours précédant la journée, ont permis une large diffusion d’information sur la situation des femmes rurales et sur les stratégies pour améliorer leurs conditions de vie.

En outre, pendant dix jours précédant la journée, des spots ont été produits et diffusés 2 à 3 fois par jour, en langue nationale (le Sango), sur les radios locales et nationales. Les slogans se rapportent aux messages préparés, pour les tee-shirts et banderoles, avec les femmes rurales. Il s’agit des messages suivants :

• Les femmes rurales nourrissent les villes et les campagnes
• Femmes rurales actrices de développement des villes et des campagnes
• Aider à combattre les inégalités homme et femme, garçon et fille en milieu Rural
• Zéro fille à la maison, inscrivons nos filles à l’école
• Non aux violences faites aux femmes et aux filles en milieu rural
• Donnons les chances aux femmes rurales d’accéder aux postes de prise de décision.

Campagnes publiques de sensibilisation de proximité

Pendant quatre jours précédant la journée du 15 octobre, des campagnes de sensibilisation se sont déroulées dans les quartiers et les villages situant dans la zone d »intervention du PREVES, dont les intervenants sont majoritairement des femmes qui avaient bénéficié au préalable d’une séance de briefing sur des thèmes retenus en lien avec les réalités locales. Au cours de ces campagnes différents thèmes ont été développés tenant compte des réalités locales, notamment les thèmes relatifs à l’analphabétisme féminin et ses conséquences, l’importance de la scolarisation des filles et l’alphabétisation fonctionnelle des femmes, la surcharge des travaux domestiques des femmes, les violences sur les femmes rurales, etc. A ces occasions des sketchs traduisant la vie quotidienne de la femme rurale ont été produits.

Ces campagnes ont regroupé environ 700 personnes à Bouar dont 70% sont des femmes et des jeunes ; 550 participants à Baoro dont 75% sont des femmes et des jeunes et enfin environ 400 personnes à Yaloké dont 80% sont des femmes et des jeunes.

Les campagnes publiques de sensibilisation de proximité ont permis de rendre sensibles les populations et surtout les autorités locales sur les problèmes auxquels les femmes et les filles sont confrontées au sein de leur famille, de la communauté et de la société toute entière malgré le rôle important qu’elles jouent.

Conférence/débats

Une conférence/débats sur la situation de la femme rurale a été organisée, à laquelle ont pris part les représentants des différentes confessions religieuses (église catholique, église protestante, mosquée, etc.), les responsables des services déconcentrés de l’Etat, les leaders des organisations féminines, les autorités politiques, locales et communales ( Sous-préfet, Maire, conseillers communaux, chefs de groupe et chefs de quartier), les représentations des ONG internationales œuvrant dans la localité, et le Représentant du Sous bureau BINUCA (Bureau Intégré des Nations Unies en Centrafrique) à Bouar. Cette conférence/débat qui a regroupé au total 300 participants dont 70% des femmes, a été marquée par des communications, des témoignages des femmes, et un film documentaire suivi des débats et des allocutions.

Les communications ont porté sur trois thèmes développés par des experts. Il s’agit des thèmes relatifs à : « la situation de la femme rurale dans l’Agriculture, l’Elevage, la pêche et la sécurité alimentaire » où l’importance numérique des femmes dans ce secteur ainsi que les problèmes liés au genre ont été mis en exergue ainsi que les stratégies visant à appuyer les femmes dans ce secteur ; « les Violences basées sur le Genre » où les différentes formes de violences auxquelles les femmes rurales sont souvent victimes, les textes internationaux et ou textes nationaux ratifiés ou adoptés par la RCA afin de protéger les femmes contre ces violences ont été également cités ainsi que les obstacles liés à l’application de ces textes entre autres et les pesanteurs socio culturelles, les préjugés, la faible couverture nationale par des services judiciaires ou de sécurité. La troisième communication a porté sur « la politique genre de la République Centrafricaine » adoptée et promulguée en 2005 qui met l’accent sur le principe de l’égalité et sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes et des filles et qui a pour objectif de promouvoir la participation des hommes et surtout des femmes au développement durable de leur société en tant que décideur et sur un même pied d’égalité ;réduire les inégalités entre les femmes et les hommes quant à l’accès aux ressources et aux bénéfices du développement, au contrôle et au bénéfice de ces mêmes ressources.

Cette conférence/débats a été marquée également par la présentation d’un documentaire qui s’intitule « Une journée avec la femme rurale »,dans lequel les femmes rurales ont parlé de leur vie quotidienne. Le documentaire rappelle les documents de politique et des textes de loi qui traduisent l’engagement du Gouvernement à promouvoir l’égalité et l’équité de genre en République Centrafricaine. Il s’ouvre sur un focus groupe qui donne la parole aux femmes rurales qui témoignent et racontent elles-mêmes leur vécu quotidien. En outre, deux femmes, dont une femme peulh, ont fait des témoignages sur leurs souffrances et dans lesquels on notait leur reconnaissance au projet pour l’attention accordée à la situation de la femme rurale et surtout aux couches marginalisées. La conférence/débats a permis non seulement de conscientiser les participants sur les conséquences des inégalités de genre et d’améliorer les conditions de vie des femmes dans les interventions, mais aussi de renforcer les capacités des autorités, des leaders d’opinion et leaders des organisations sur la nécessité de la prise en compte de la dimension genre.

Les marches

Les marches pacifiques des femmes rurales, organisées sous forme d’une parade dans les villes de Bouar, Baoro et Yaloké (zones d’intervention du PREVES) avec des banderoles sur lesquelles des messages de conscientisation ont été imprimés et des chansons pour valoriser les femmes rurales, dans la matinée du 15 octobre, ont été d’une grande importance pour marquer cette Journée et ont mobilisé plusieurs centaines de femmes et attiré l’attention des populations et des autorités sur les femmes rurales.

Une Exposition vente des productions des organisations paysannes, surtout des femmes.

Au total, 41 organisations, majoritairement des organisations féminines, venues des 7 communes de Bouar ont participé à cette activité et ont exposé des produits agricoles et des produits maraîchers. Cette activité qui a été d’une grande importance a permis non seulement aux participants de vendre leurs produits vivriers et autres productions (artisanales) mais aussi de rendre visible et de valoriser la contribution des femmes rurales au processus de développement et surtout leur contribution dans l’agriculture.

Approche et stratégie dans la mise en œuvre de l’expérience

Dans le souci d’assurer une bonne réalisation des activités marquant cette journée, une mission précurseur composée d’un (01) cadre de l’UCG, le Spécialiste des Question de Genre et Ciblage, et une représentante de l’Organisation Nationale des Femmes Rurales « Fleurs de Centrafrique », la Présidente Nationale, s’est rendue dans les Sous-préfectures de Bouar, Baoro et Yaloké. A cette occasion, trois (3) réunions d’information et d’échange ont été organisées dans ces localités, en présence des autorités politiques, administratives et locales et les représentants d’ONG nationales et les responsables des groupements féminins.. Ces réunions ont regroupé au total quatre-vingt-huit (88) participants dont cinquante (50) femmes et ont permis :
• D’informer les participants sur les objectifs visés par cette journée ;
• D’appuyer la mise en place des comités locaux d’organisation de cette journée ;
• De définir les activités pouvant marquer cette journée.
• De définir les slogans à communiquer.

En outre, la mission s’est entretenue avec les professionnels de la communication des radios locales et nationales. L’entretien a porté sur la réalisation et la diffusion des spots et émissions sur la Journée Mondiale de la Femme Rurale 2012. A cet effet, des slogans préparés sur la femme rurale, leur ont été remis ainsi que le calendrier de diffusion des spots et de réalisation des émissions radiophoniques.

Rôles des acteurs impliqués dans l’organisation de cette journée

L’Unité de Coordination et de Gestion du PREVES (UCG/PREVES), à travers le Spécialiste en Questions Genre et Cible a joué un rôle essentiel dans l’élaboration des Termes de Référence et la conception des messages.
L’Organisation Nationale des Femmes Rurales « Fleurs de Centrafrique »(ONFR) a joué un rôle important dans la mobilisation des femmes et la réalisation des différentes activités prévues.

Les médias au niveau local et national ont joué un rôle très important dans la réalisation et la diffusion des spots et des émissions qui ont permis d’atteindre un public plus large.

Principales leçons tirées :

• La participation active et massive des autorités politiques, administratives et locales, des partenaires au développement (notamment BINUCA à Bouar), des leaders d’opinion et leaders des organisations féminines aux différentes activités marquant cette journée ;
• L’engouement des leaders des organisations féminines et des autorités à la célébration de cette journée dans leurs localités ;
• L’intérêt des participants, notamment des autorités locales, porté sur le genre.

Perspectives

Cet effort de promouvoir l’égalité de genre dans la zone du projet s’est poursuivi cette année à travers (i) la distribution des semences et outillages agricoles surtout aux productrices (décapitalisées du fait des conflits armés) ce qui a permis non seulement de sauver la campagne agricole 2013, mais également de commencer la recapitalisation des ménages de la zone du Projet surtout les ménages dirigés par les femmes en semences de qualité ; (ii) l’appui à l’alphabétisation fonctionnelle surtout des femmes qui a démarré par des campagnes de sensibilisation, organisées à Bouar, Baoro et Yaloké à l’intention des autorités locales, les leaders d’opinion et leaders des organisations féminines, en faveur de l’alphabétisation fonctionnelle des femmes et qui se poursuivra à travers la formation des moniteurs et monitrices des centres d’alphabétisation ainsi que la dotation des centres en matériels didactiques ; (iii) l’information et la sensibilisation des autorités locales (conseillers communaux, chefs de quartiers et chefs de village), des leaders des organisations paysannes, les animateurs (endogènes et professionnels) pour la promotion de l’approche genre et développement et ; (iv) l’appui à l’organisation des journées portes ouvertes sur l’agriculture couplée avec la Journée mondiale de la femme rurale 2013.

Joseph Bissi-yandia

Ingénieur agronome

Coordonnateur du PREVES