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Décentralisation et adaptation au changement climatique : le projet DFC relève le défi de la gestion décentralisée des fonds climat au Sénégal

En trois années de mise en œuvre, le projet Décentralisation des Fonds Climat (DFC) a financé plus de 65 projets d’adaptation avec pour objectif d’accompagner les communautés de la région de Kaffrine au Sénégal dans leur stratégie d’adaptation face au changement climatique. Un investissement considérable qui vient relancer le potentiel économique de la région.

13 novembre 2017

Au Sénégal, le changement climatique a des conséquences importantes sur le développement économique des régions et participerait à accroître la vulnérabilité des populations. Pour y faire face, il faut des financements importants, mais aussi des projets d’adaptation pertinents et répondant aux préoccupations des populations.

Le projet Décentralisation des Fonds Climat (DFC), mis en œuvre par IED Afrique au Sénégal, a expérimenté durant les trois dernières années un mécanisme décentralisé de planification et de financement d’investissements en biens publics susceptibles de renforcer la résilience des communautés vulnérables face au changement climatique.

Aujourd’hui, dans la région de Kaffrine, ce sont près de 75 investissements priorisés par les communautés elles-mêmes qui ont été financés par le DFC. L’impact du projet, tant sur le plan de la diversité des interventions et des secteurs touchés, que sur l’amélioration des conditions de vie des femmes et les jeunes est considérable.

Gouvernance transparente et redevable des fonds climat décentralisés

L’approche de mise en œuvre du projet DFC dans les quatre départements de la région de Kaffrine a reposé sur trois piliers fondamentaux que sont :

- La participation et la responsabilisation des bénéficiaires des projets à toutes les étapes de mise en œuvre des investissements, à travers divers mécanismes (réunion de partage, forum communautaire, comité de suivi, etc.) ;

- L’ancrage institutionnel fort des fonds locaux dans les systèmes nationaux et locaux de décentralisation ;

- Le partenariat avec les institutions ou structures étatiques pérennes, notamment le Programme National de Développement Local (PNDL) et l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Kaffrine.

Cette démarche a permis de promouvoir un apprentissage continuel et une dynamique d’appropriation des projets territoriaux au sein de plusieurs communautés dans toute la région de Kaffrine.

Des données probantes sur l’efficacité de la décentralisation des fonds climat

Sur une période de trois ans, le projet DFC a produit des résultats probants :

- 36 collectivités locales, sur les 37 que compte la région de Kaffrine, ont bénéficié de fonds du DFC et initié des projets d’adaptation ;

- 65 projets ont été financés, tout en prenant en compte des projets ciblant directement les femmes et les jeunes ;

- 75 investissements réalisés dans des domaines divers et variés notamment l’agriculture, l’élevage, l’éducation, l’environnement et l’assainissement, l’accès à l’eau, etc. Cela a représenté un financement de près de 900 millions de FCFA au bénéfice des communautés locales et des centaines d’emplois créés ;

- L’institutionnalisation de l’accès à l’information climatique à travers l’instauration de forum annuel sur la prévision saisonnière dans les quatre départements de la région de Kaffrine, en collaboration l’Agence Nationale l’Aviation Civile et de la Météorologie (ANACIM) ;

- Une quarantaine de comités de gestion mis en place et formés et des comités départementaux et régionaux d’adaptation ont été installés pour favoriser une gouvernance participative des questions du changement climatique dans la région de Kaffrine.

Réussir le pari du renforcement du leadership des femmes

Dans sa mise en œuvre, le projet DFC s’est dès le début doté d’une stratégie genre afin de prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des jeunes. L’intervention du DFC a par exemple consisté au renforcement des compétences et capacités des femmes afin que ces dernières puissent jouer faire entendre leur voix dans les instances de prise de décision.

Les résultats ont été considérables. Sur les 300 000 bénéficiaires atteints par le projet, plus de la moitié (environ 53%) sont ainsi des femmes. Afin de répondre au défi de la participation des femmes à la vie politique, des formations en leadership féminin ont été organisées pour 68 femmes. Enfin, des formations sur le genre ont été organisées au Mali et au Sénégal afin de renforcer les capacités des équipes.

Leçons apprises et des défis à relever

Le projet DFC arrivera en Décembre 2017 au terme de sa phase d’expérimentation. Entre autres leçons apprises, on retiendra que l’appui budgétaire, qui consiste à transférer directement des fonds vers le budget national du pays, peut être considéré comme un mécanisme souple pour le financement et l’accompagnement des collectivités territoriales à mieux intégrer les défis du changement climatique dans leurs politiques et plans de développement. De même, la responsabilisation des acteurs locaux ainsi que l’ancrage institutionnel stratégique ont été des gages d’efficacité et d’efficience pour la réalisation de plusieurs investissements au bénéfice des communautés et dans des délais raisonnables.

En termes de défi cependant, la question de la pérennisation des investissements financés par le projet reste centrale. En effet, si le projet à jeter les bases d’une bonne gestion collective des investissements à travers la mise en place à plusieurs niveaux de comités de suivi et de gestion des investissements, seule une véritable dynamique collaborative entre acteurs d’un même territoire (élus, populations, services techniques, etc.) autour de projets communs est susceptible de renforcer la résilience face au changement climatique.

A propos du projet

La Décentralisation des Fonds Climats (DFC) est un projet de recherche-action et de plaidoyer qui appuie les populations locales au Mali et au Sénégal afin qu’elles deviennent plus résilientes au changement climatique grâce à des fonds d’adaptation localement contrôlés. Le projet fait partie du programme BRACED, financé par le gouvernement du Royaume-Uni, et est mis en œuvre par la Near East Foundation (NEF) avec Innovation, Environnement et Développement en Afrique (IED Afrique) et l’Institut International pour l’Environnement et le Développement (IIED).

Les enseignements et données d’expérience du projet sont présentés dans plusieurs publications disponibles en ligne à l’adresse : http://iedafrique.org/Quelques-publications-sur-la-mise-en-oeuvre-du-projet-Decentralisation-des.html