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Burkina Faso : Des boursiers du projet PRESA participent au débat citoyen planétaire sur le climat et l’énergie

Le 06 Juin 2015, 90 pays s’étaient donné pour ambition de tenir 104 débats citoyens planétaire sur le climat et l’énergie. Ces débats sont des cadres d’échange et d’expression citoyenne, ils sont initiés par le secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique(CCNUCC), la DanishBoard of technology Foundation (DK), la Commission française du débat public et la mission Publique de France, avec la collaboration de la World Wide Views Alliance.

3 août 2015

L’organisation de l’édition 2015 du débat citoyen planétaire placée sous le thème "Climat et Energie" entre dans le cadre des activités de la 21e Conférence des Parties et a été reconnu par le Secrétariat de la CCNUCC comme faisant partie du processus de négociation. L’objet d’un tel débat est de permettre aux citoyens de se saisir des enjeux des négociations internationales afin de devenir parties prenantes des décisions publiques et de valoriser la parole citoyenne sur les enjeux complexes.

Témoignage 1 - SAWADOGO Honoré, animateur : “j’ai tout fait pour être présent à cette consultation car je tiens à donner mes idées afin de contribuer au développement de mon pays.”

Une forte mobilisation des autorités nationales et acteurs internationaux autour des enjeux du climat

Parmi les autorités nationales et acteurs internationaux ayant pris part à l’événement, on peut citer le Représentant du Président de la délégation spéciale de la Commune de Ouagadougou, l’ambassadeur de France au Burkina Faso et le Ministre de l’agriculture, des ressources halieutiques, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire. Ces derniers sont revenus sur les enjeux autour de l’organisation d’un tel événement au regard des effets perceptibles du changement climatique que vit le Burkina Faso, comme en témoigne les inondations du 1er septembre 2009 et ses conséquences sur Ouagadougou.

Témoignage 2 - KINI Pélagie, étudiante :“ Il faut permettre aux pays (chaque pays) d’exposé leurs préoccupations locales, afin que l’on puisse prendre des décisions qui prennent en compte tout le monde.”

C’est à la suite de ces interventions que la Directrice du CORADE a resitué le socle du débat qu’est la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC). Elle a également rappelé l’enjeu majeur du prochain sommet qui se tiendra à Paris à savoir le nouvel accord pour maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C. Ce sommet marque une particularité avec le souci de prendre en compte l’expression de la volonté des citoyens au travers du débat citoyen qui a lieu, avec pour objectif de permettre aux citoyens qui ne peuvent participer au sommet, de donner leurs points de vu depuis le plan local.

110 citoyens ordinaires, dont deux boursiers du projet PRESA prennent part aux discussions

Au Burkina Faso, l’évènement a été organisé par l’agence CORADE (conseils, recherche-action, développement d’expertise) et a vu la participation de 110 participants de trois régions du Burkina Faso (le Centre, le Centre-Nord et la Boucle du Mouhoun), dont deux boursiers du projet Promouvoir la Résilience des Economies en zones Semi-Arides (PRESA).

Témoignage 3 - TIENDREBEOGO Noèlie, productrice : “Pour moi, être résilient face au changement climatique c’est trouver des techniques pour lutter contre les changements climatiques.”

L’approche méthodologique a consisté à organiser les participants sur 14 tables rondes de 7 à 8 personnes environ selon la langue parlée (3 tables dioulaphones, 4 tables mooréphones et 7 tables francophones). Par la suite, une (01) vidéo d’environ 10 minutes portant sur un thème du changement climatique a été projetée à l’attention des participants. A l’issue de la projection, les participants disposaient de 25 à 30 minutes pour débattre du thème. Après le débat, une fiche de vote sous forme de questionnaire a été remise à chaque participant pour lui permettre de donner son avis. Les différents avis étaient immédiatement saisis sur une plateforme et diffusés instantanément sur internet via un « webtool » et accessibles par tous.

Discussions, débats et partage d’expériences entre les participants

Cinq (05) vidéos ont été projetées, suivi de cinq (05) temps de débats et de vote :

La première vidéo a portée sur pourquoi lutter contre les changements climatiques. Elle a permis aux participants de voir l’émission des gaz à effet de serre par les grandes firmes internationales et leur effet sur la nature.

La deuxième vidéo a présenté les outils pour lutter contre le changement climatique et leurs limites. Il s’agit essentiellement de la taxe carbone, du quota de permis d’émission (impopulaire), de la subvention des énergies renouvelables, de la réduction de la consommation des appareils en veille, du développement du transport en commun, du développement des pistes cyclables.
Des débats, il est ressorti la nécessité d’instaurer dans les programmes d’enseignement un module sur les effets du changement climatique et les outils d’adaptation ou de lutte contre le CC. De plus, les participants ont insisté sur l’adoption des énergies renouvelables notamment l’énergie solaire.

La troisième vidéo a fait un historique des négociations des Nations Unies sur le changement climatiques et les engagements nationaux. De la conclusion de la CCNUCC de 1992 à la négociation du prochain nouvel accord de Paris en 2015, il est ressorti clairement qu’il y’ a une volonté manifeste des grandes puissances à ne pas acter en faveur de la limitation des gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique dans le fond, pour des raisons économiques et politiques. Les participants ont alors débattu sur les solutions envisageables. Il en résulte que la voix des citoyens est prépondérante pour faire fléchir les politiques et les amener à travailler à la réduction de la production du CO2 à moins de 2°C d’ici à 2050.

La quatrième vidéo a porté sur l’équité et le partage des efforts. De cette session, il est ressortit les responsabilités communes mais différenciées ainsi que les capacités respectives des différents pays. Les participants ont débattu sur la meilleure base pour fixer l’ambition des contributions nationales en faveur du climat, le montant que devraient payer les pays à haut revenu pour l’atténuation et l’adaptation des pays à faible revenu après l’année 2020. Les citoyens étaient plus orienter vers la capacité économique actuelle ou future des différents pays.

La cinquième vidéo a fait le point sur le respect des promesses. Le principe de départ est que les pays développés doivent déclarer leurs pollutions tous les deux ans et les pays en développement tous les quatre ans. Il est ressorti que certains pays en développement n’ont pas déclaré leur émission depuis plus de cinq ans. Les pays développés sont retissant quant à la déclaration exacte de leur niveau de pollution. Les débats ont porté sur le fait qu’un pays puisse autoriser un autre pays a envoyé des experts pour vérifier le niveau de pollution qu’il a déclaré.

Témoignage 4 - BAMBARA Jéremie, Directeur de bureau d’étude : “Le fait de consacré cette tribune et de le faire valoir (il semble que la décision du débat citoyen vaut la voix d’un pays) est déjà une victoire politique.”

Les leçons apprises des discussions

Au terme de cette journée de débat citoyen, les boursiers ont pu se rendre compte que les populations n’ignorent pas le changement climatique ni même ses effets. Elles proposent même des solutions pour endiguer le phénomène. C’est par exemple le souhait de l’instauration dans les programmes d’enseignement primaire, un module sur « l’éducation environnementale ». De même, la question de lutte contre le changement climatique n’est pas qu’une question de politique publique. Le secteur privé, en tant que facteur reconnu du dérèglement climatique en est aussi victime. La lutte contre le changement ou même l’adaptation aux effets du changement climatique se doit d’être une lutte commune. C’est pourquoi la notion du partenariat public-privé a toute sa raison d’être dans les questions climatiques et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est plus que d’actualité pour sensibiliser les chefs d’entreprises.

Auteurs :

B. Chantal KARAMBIRI SAWADOGO

Rodrigue IDOGO