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Entretien : Elisabeth Katushabe, éleveuse en Ouganda

« Grâce aux vaches Ankole, je peux produire ce qui est convenable pour moi »

« J’élève des Ankole Longhorns traditionnelles, une race de vache forte, adaptée à l’environnement difficile de mon pays et résistante aux maladies tropicales. Elle n’a pas besoin d’antibiotiques, contrairement aux vaches Frisonnes Holstein qui sont populaires ici. Traditionnelle- ment, les femmes Bahima ne pos- sédaient pas de bétail ou de terres, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui pour certaines femmes. Les hommes traient les vaches, les conduisent au pâturage et à l’abreuvoir. Les femmes collectent le lait et décident de la quantité à boire pour chaque membre de la famille. Nous transformons le lait pour faire du beurre. Nous connaissons les noms de toutes les vaches laitières, nous pouvons identifier une vache malade, nous prenons soin des veaux, nettoyons leurs étables et coupons l’herbe pour les nouveau-nés. Mon approche de l’élevage de la race Ankole Longhorns est une forme d’agroécologie : elle me permet d’élever mon bétail dans les prairies de la savane de l’Ouganda avec toute sa biodiversité. Mon bétail vit en troupeau comme une famille, ils s’accouplent naturellement et mes veaux tètent leurs mères. En tant que femme, c’est ça la vie. Je peux gérer mon bétail facilement car la race Ankole est de nature calme. Avec les vaches Ankole, je ne suis pas obligée de me spécialiser soit dans le lait, soit dans la viande, mais je peux produire ce qui est le plus approprié pour moi et ma communauté. Et j’espère que les autres vont respecter mes droits en tant qu’éleveuse et apprécier mon rôle et ma contribution à l’économie et à la sécurité alimentaire.  »