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Suivi pour vous : Radio Climat : amener l’information météorologique au plus près des agriculteurs maliens pour renforcer leur résilience

Comment anticiper les retards de pluies et donc les épisodes de sécheresse, les inondations, en l’absence de données climatiques fiables ? Quelle variété choisir quand les pluies sont en retard ? Au Mali où les phénomènes extrêmes s’intensifient en raison du changement climatique, l’enjeu est de taille car leurs conséquences affecteront directement la production agricole des plus pauvres. Pour s’adapter à ces évolutions climatiques déjà observées, l’un des enjeux est de permettre aux agriculteurs les plus vulnérables d’anticiper ces événements extrêmes pour mieux adapter les techniques culturales.

L’approche du Projet d’Accroissement de la Productivité Agricole au Mali (PAPAM), à travers le don du Programme d’Adaptation de l’Agriculture Paysanne au Changement Climatique (ASAP), appuie les petits exploitants pour qu’ils aient un meilleur accès aux informations climatiques et météorologiques.

Le Mali fait partie des pays sahéliens qui sont parmi les plus durement touchés par le changement climatique. Les évolutions observées et les prédictions des tendances concluent à une augmentation de la température moyenne sur l’ensemble du pays, à une diminution progressive de la pluviométrie et une augmentation de la fréquence et de l’ampleur des phénomènes climatiques extrêmes. Plus particulièrement sur la pluviométrie, cette diminution est un phénomène déjà en cours puisqu’une diminution de 20% a été enregistrée durant les périodes 1951-1970 et 1971-2000.

Cette évolution a notamment provoqué une raréfaction des pluies au Nord du pays. Ce phénomène va s’amplifier dans les décades à venir. Il se caractérise par des cycles de saisons culturales raccourcis et par une installation des pluies plus tardives. En outre, une perte de production agricole d’environ 17% est envisagée d’ici 2050. Elle pourrait atteindre 28% si aucune action d’adaptation n’est entreprise.

Les petits exploitants évoquent déjà une difficulté à planifier les calendriers culturaux et les mouvements de transhumance, à cause d’une perte de repères par rapport à l’arrivée des pluies et à leur modèle de répartition sur la saison. Heureusement, ces impacts négatifs peuvent être atténués par la diffusion d’information agroclimatique.
Le FIDA intervient dans le PAPAM depuis février 2011 avec pour objectifs de contribuer à accroître la productivité des petits producteurs dans les systèmes de production et dans les zones d’intervention ciblées, l’utilisation des pratiques de gestion durable de la terre et de l’eau (GDTE) dans les systèmes et zones de production cibles.
En 2013, s’est ajouté le Programme ASAP dont l’objectif est d’améliorer la résilience des petits producteurs ruraux et des écosystèmes ciblés par le PAPAM face aux changements climatiques, et de renforcer les capacités d’adaptation des populations rurales pauvres en mettant à leur disposition des approches, des technologies et des services innovants. Les activités du projet sont réparties en trois composantes : (i) génération et transfert de technologies et services aux producteurs, (ii) Infrastructures d’irrigation, (iii) approche programmatique et suivi sectoriel.

Des pluviomètres pour une meilleure décision

Le projet ASAP-PAPAM, en partenariat avec Mali-météo, appuie des groupes locaux formés à l’assistance météorologique dans la production et la diffusion d’informations sur l’évolution de la campagne agricole et agropastorale dirigée vers les paysans. Ces groupes locaux distribuent des pluviomètres aux producteurs et aux communes pour comprendre l’installation des pluies dans les bassins de production. En retour, les producteurs reçoivent par les radios locales les conseils agro-météorologiques pour prendre les meilleures décisions à temps en matière de semis ou de choix de variétés.

750 pluviomètres ont été installés dans la zone d’intervention du projet et des paysans-observateurs, de même que des journalistes ont été formés sur la collecte et la diffusion de l’information météorologique. Les agriculteurs participent activement aux collectes de données pluviométriques et leur utilisation montre de bons résultats dans l’aide à la prise à la décision. De plus en plus d’agriculteurs viennent spontanément vers le paysan-observateur pour savoir si les apports en pluie seront suffisants aux plantations ou bien pour des conseils sur le choix des variétés adaptées à la tendance climatique de l’année.

Dix-huit radios locales ont été appuyées pour la diffusion d’informations sur l’adaptation au changement climatique et pour la diffusion des résultats d’analyse de ces groupes. C’est ainsi que 22 000 exploitants peuvent maintenant bénéficier d’informations pluviométriques et près de 4 000 exploitants ont bénéficié de données agro-météorologiques fournies par les groupes d’assistance météorologique.

Produire et diffuser des données ciblées

Fournir des informations crédibles et concrètes sur la météo et le climat à ces agriculteurs vulnérables a donc le potentiel d’atténuer les facteurs de risques qui menacent leurs moyens de subsistance, d’améliorer la sécurité alimentaire et leurs revenus. En fournissant des éléments sur la variation du climat et sur la pluviométrie, ces données peuvent aussi être utilisées pour l’élaboration d’approches et techniques agricoles novatrices, localement appropriées (semences améliorées, systèmes d’irrigation plus adaptés) afin de soutenir de nouveaux moyens de subsistance.

Enseignements et défis

Cependant, l’analyse et la diffusion de ces informations climatiques aux agriculteurs sont des processus complexes. Pour que les informations météo soient utile, celle-ci doit identifier les plus pertinentes pour des communautés bien ciblées. Se pose ensuite le défi de l’identification des moyens pour communiquer ces informations d’une manière appropriée à l’échelle locale. Enfin, l’information météorologique ne peut être correctement utilisée que si des moyens sont mis en place pour évaluer et transmettre l’incertitude de ces mêmes informations. La prise en compte de ce degré d’incertitude permettra aux agriculteurs d’envisager plusieurs solutions en cas d’erreur de prévision.

Alice Brie
Article publié le 23 mars 2017
http://ifad-un.blogspot.sn/2017/03/radio-climat-amener-linformation.html